Vêtement
Atours de tête
Hochets
en forme de
Corbeau
Boucliers
de cuivre |
Au fil du temps, les échanges commerciaux entre les divers groupes de la côte septentrionale -- les Haïdas, les Tsimshians, les Tlingits et les Nisga'as -- ont conduit à l'adoption généralisée d'un éventail restreint d'objets et de matières symbolisant la richesse et le prestige. Parmi ces objets figuraient les insignes utilisés par les chefs, notamment les coiffures ornées de peaux d'hermine. Au nombre des objets prestigieux, on compte également les coffres, les boîtes et les bols artistiquement décorés servant à conserver et à présenter les mets et les objets précieux, comme il était coutume de le faire lors des potlatchs.
Dans toutes les tribus de la côte septentrionale, les chefs possédaient une profusion d'insignes, qui ont été reproduits dans des dessins dès 1818 par l'artiste russe Mikhail Tikanov, et qui, pour ce qui est de leur importance en tant que symboles de statut, ont été comparés par les voyageurs et les missionnaires aux vêtements de cérémonie des francs-maçons. Pour les chefs, ces insignes constituaient un cadre de référence commun pour l'échange de biens entre des nations ayant des langues et des croyances différentes.
La parure complète d'un chef consistait en une couverture chilkat, des jambières, un tablier, un ornement frontal et une paire de hochets en forme de Corbeau (ou un tambour). Les chefs possédaient également en général une plaque de cuivre à l'état natif en forme de bouclier; il s'agissait là d'un symbole de richesse exposé lors des banquets et pouvant être échangé ou remplacer d'autres articles. À la mort d'un chef, ses cuivres étaient souvent fixés à son mât funéraire.
Durant près de deux ans après la mort du chef Skowl, son corps est resté exposé dans sa maison de Kasaan, en Alaska. Le coffre de sépulture, drapé d'une couverture à boutons, est entouré de coffres de rangement remplis de tous ses insignes de chef; près du coffre de sépulture sont posés ses huit boucliers de cuivre. Les personnes que l'on voit sont ses esclaves, qui étaient exhibés comme faisant partie de sa fortune.
Photo : Albert P. Niblack, 1883 |
Les Haïdas ont emprunté la plupart de ces symboles du rang de chef, et principalement les pièces de vêtement, aux Tsimshians et aux Nisga'as. Ils les confectionnaient eux-mêmes ou se les procuraient par des échanges avec des groupes du continent. Cependant, très peu de couvertures chilkats semblent avoir été tissées dans Haida Gwaii même; on n'y trouvait pas de laine de chèvre, et les panneaux de bois dont on reproduisait les motifs sur les couvertures tissées sont absents des collections provenant de Haida Gwaii, bien qu'ils soient courants chez les Tlingits. Les Haïdas fabriquaient leurs propres ornements frontaux et leurs propres hochets en forme de Corbeau, même si, parfois, ils se procuraient ces objets en commerçant avec les peuples du continent.
Les personnes n'appartenant pas à la classe des chefs, par exemple les chamans ou les membres de sociétés secrètes, possédaient également des insignes qui leur étaient propres.
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