Les cachalots et les baleines grises qui migraient le long des côtes extérieures de l'île de Vancouver et de la péninsule Olympic de l'état de Washington constituaient la plus recherchée des proies des chasseurs marins nuu-chah-nulths et makahs, qui pourchassaient ces baleines en canots de thuya en plein Pacifique. Les baleines abattues à la chasse et remorquées jusqu'au village des chasseurs ainsi que les baleines mortes venues s'échouer sur le rivage étaient une importante source de viande, d'huile, d'os et de babiche. Par contre, l'importance économique de la chasse à la baleine n'était rien comparativement au prestige associé à cette pratique. Le harponnement d'une baleine était un privilège hérité des chefs et un chasseur de baleine habile était célébré bien après sa mort. Le rituel précédent la chasse était long et compliqué et lorsqu'une baleine parvenait à échapper aux chasseurs, on en imputait habituellement la faute à un membre de l'équipage qui ne se serait pas rigoureusement conformé à toutes les exigences cérémonielles. En dépit de tous les soins et les efforts mis et de l'adresse des chasseurs, la chasse n'était pas souvent couronnée de succès. John Jewitt, dans ses études de la chasse à la baleine par Maquinna, le chef mowachaht, en 1803, 1804 et 1805, a recensé 53 jours de chasse qui se sont soldés par la capture d'une baleine et la perte de plusieurs autres.
Le canot servant à la chasse à la baleine était plutôt large par rapport à sa longueur d'environ six brasses (mesure correspondant à la largeur des bras étendus) pour que puissent y prendre place les huit membres d'équipage : le harponneur, six rameurs et le timonier, sans oublier tout l'attirail de chasse. Entre le lourd manche en bois d'if du harpon, qui pouvait mesurer jusqu'à 14 pieds de longueur, la pointe en coquille de moule et les lanières en babiche servant à la retenir, jusqu'à cent brasses de corde blanche, quatre bouées gonflées faites de peaux de phoque, une lance d'abattage ainsi qu'un manche, des pointes et des bouées non gonflées de rechange, le chargement était certainement encombrant. En plus, il faillait aussi avoir à bord des provisions et de l'eau, surtout si une baleine harponnée se tournait vers le large et qu'il fallait la traîner longtemps pour la ramener au village.
Le canot de chasse approchait la baleine sur son flanc gauche et juste au moment propice, alors que la baleine s'apprêtait à plonger, le harponneur enfonçait le harpon juste derrière la nageoire. Au moment où le harpon frappait, les rameurs jetaient les bouées et la corde à l'eau et détournaient le canot de la baleine qui se débattait. Moyennant un peu de chance et le respect du rituel préparatoire, la baleine filait vers la terre ferme. Une fois qu'elle était suffisamment épuisée, les chasseurs l'approchaient de nouveau pour l'achever avec une lance. Commençait ensuite le long retour à la rame jusqu'au village, où la baleine serait dépecée. Une section de la peau et de la graisse comprenant la nageoire dorsale étaient préparées avec grande cérémonie et exposées dans la maison du chasseur de baleine, pour honorer à la fois la baleine et celui qui l'avait capturée.
Le coup de grâce correspond au moment où le chasseur de baleine s'apprête à enfoncer le harpon. Sa proie, un cachalot, est sur le point de replonger après avoir fait surface à plusieurs reprises pour respirer. Le canot est primitif, pourvu d'une longue proue avancée. Il est moins d'aplomb que les modèles subséquents. Un serpent-éclair, le harpon de l'oiseau-tonnerre, est peint sur la coque. Le premier rameur est prêt à jeter à l'eau une bouée de peau de phoque qui est ornée de motifs rouges et noirs qui en désignent le propriétaire. Un vent léger fait onduler la surface des longs rouleaux de l'océan. Les nuages et le brouillard obstruent en partie le rivage de l'île de Vancouver.