Sommaire de la campagne archéologique de 1993
par
Jean-Luc Pilon
Archéologue du PIPGN
Musée canadien des civilisations
Sommaire de la campagne archéologique de 1993
Le 3 juillet, j'ai quitté Ottawa pour commencer les six semaines de travail sur le terrain pour PIPGN dans les T.N.O. Ce travail devait entraîner des fouilles archéologiques, mais aussi une partie importante de la documentation audio-visuelle qui devait faire partie d'un documentaire planifié prévu pour l'automne suivant.
À mon arrivée à Inuvik, j'ai rencontré M. Willie Simon Modeste qui
nous accompagnerait pendant toute la durée de l'expédition et le
jour suivant j'étais à l'aéroport d'Inuvik pour accueillir M.
Michael Fylystan, un caméraman à qui on avait accordé un contrat
pour passer une semaine avec nous dans la région de Tsiigehtchic.
Nous sommes immédiatement partis pour Tsiigehtchic où M.
Luc Nolin (adjoint de recherche à PIPGN) supervisait les fouilles
au site situé sur les basses terrases au pied du village. Durant la semaine
à Tsiigehtchic, on a fait des entrevues avec des aînés tant en
ville que sur le terrain. On a fait quelques voyages à l'ancien
"Arctic Red River", Tchidal Tein and Vidiitshuu (lac à la truite) afin
d'obtenir des prises de vue d'un milieu authentique. En plus, on a
pris une variété de scènes dans le village de Tsiigehtchic.
Finalement, nous avons aussi donné une entrevue à Mme Grace Blake,
un ex et nouvellement ré-élu Chef de la Bande de Tsiigehtchic,
et Alestine Andre and Ingrid Kritsch, anthropologues chargées de
compiler les connaissances traditionnelles des Gwychia Gwich'in.
À la suite de mon retour à Inuvik le 10 juillet, on s'est préparé
pour trois semaines de fouilles au lac Lure. L'équipe se composait
alors de M. Willie Simon Modeste, M. David Link (que j'ai été
obligé de kidnapper de l'équipe de M. Nolin) et moi-même. On a
fouillé deux sites au lac Lure, MlTk-20 et MlTk-19. Le premier
était un camp préhistorique récent situé près de l'étranglement
dans le secteur nord du lac, alors que le second site remonte
probablement à la période historique ancienne et semble avoir été
un petit camp d'apprêt de poisson, isolé dans le secteur nord d'une
grande baie constituant une des plus grands étendues d'eau du lac
Lure.
D'une certaine façon, ces sites ont produit "l'habituel" ensemble
d'objets. Même si cette information s'ajoutera au corpus de
renseignements reliés aux cinq derniers siècles d'occupation de la
région, aucune grande découverte "renversante" n'a été faite.
Au cours de cette période de trois semaines, j'ai passé beaucoup de
temps à filmer nos activités avec un appareil vidéo conformément à
la conception d'un scénario qui documentera le projet archéologique
du PIPGN. J'ai aussi obtenu ce qui pourrait être appelé, faute de
mieux, "une réserve" de prises de vue du milieu subarctique.
À la suite de notre retour à Inuvik le 2 août, on a passé beaucoup
de temps à préparer les 2,25 tonnes d'équipement entreposées au
Centre de recherche d'Inuvik pour leur transport à l'entrepôt du
MCC sur la rue Laperrière à Ottawa. Ce fut aussi la semaine qui a
vu presque toute l'équipe nous quitter pour gagner leur foyer
respectif. Le vendredi, 6 août,j'ai présenté une communication au
"Forum de mini-science" organisé au Centre de recherche d'Inuvik.
L'auditoire principal de cette rencontre était un groupe
d'étudiants européens et américains en stage à Inuvik pour étudier
l'écologie arctique. C'est avec une certaine satisfaction qu'on
constate que les scientifiques de la nature semblent considérer les
populations humaines comme des éléments intimement reliés au monde
naturel.
Le lundi, 9 août, je me suis rendu à Tuktoyaktuk afin de passer
quelque temps avec Mme. Patricia Sutherland en expédition sur l'île
de Richard. Encore une fois, l'objectif était d'obtenir des prises
de vue sur les méthodes de reconnaissance en hélicoptère. La
température nous a accordé une bonne coopération et on a passé une
journée très profitable à retourner à Kittigazuit et dans la région
avoisinant le lac Yaya dans le sud de l'île de Richard.
Une fois à Inuvik, j'ai aussi obtenu des prises de vue dans la
région du lac Campbell, j'ai accordé une entrevue pour remplir deux
périodes dans le cadre du programme en matinée et a passé quelque
temps à discuter de problèmes géomathiques communs (GIS) et
d'approches avec M. Bart Kreps du Conseil tribal des Gwich'in. J'ai
quitté Inuvik le 12 août et je suis arrivé à la maison à Aylmer,
Québec, le jour suivant, sans avoir trop souffert d'avoir voyagé en
avion un vendredi 13.
D'une certaine façon, le travail archéologique en soi a été quelque
peu désappointant, compte tenu que c'était la dernière campagne
archéologiques dans le cadre du PIPGN. Par contre, si j'avais fait
d'importantes découvertes qui auraient exigé d'autres visites,
j'aurais été chagriné d'être incapable de poursuivre les travaux.
Les sites ont livré ce à quoi on s'attendait et pas plus; ils ont
comblé nos attentes réalistes. C'est probablement une note
appropriée pour accompagner le mot "fin".
Remerciements
J'aimerais remercier David Link et Willie Simon Modeste pour nous avoir fourni une assistance efficace au lac Lure. Ils ont maintenu un remarquable degré d'enthousiasme au cours des fouilles; un témoignage de leur gaieté! Je suis reconnaissant à Hyacinthe Andre ainsi qu'à Alestine Andre et à Ingrid Kritsch des renseignements qu'elles ont compilés sur la région et d'avoir consenti gracieusement à venir à Vidiithuu. Luc Nolin et son équipe nous ont offert un accueil des plus hospitalier à Tsiigehtchic. Michael Fylysan a obtenu des prises de vues vidéo formidables auxquelles nous pouvons seulement espérer rendre justice. La Laboratoire de recherche d'Inuvik nous a gracieusement fourni les moyens logistiques, l'équipement et le logement à Inuvik. Une telle disponibilité et, encore plus important, une aide de cette qualité enveloppée d'amabilité de la part de Alan Fehr et Les Kutny constituent un apport inestimable aux travaux des chercheurs. Non seulement ces services nous ont permis d'utiliser nos fonds pour prolonger nos recherches, mais ils nous ont aussi permis d'optimiser nos ressources humaines. J'aimerais aussi remercier l'Étude du plateau continental polaire pour l'usage de leur base à Tuktoyaktuk; Pat Sutherland pour avoir accepté de me consacrer une journée de son temps et pour s'être soumise aux exigences des prises de vue sur vidéo; les Arctic Wings and Rotors pour leur services toujours courtois de charter.