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LAURÉATE EN 1979
Monique Cliche-Spénard Artiste de la courtepointe
À propos de l'artiste
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« Avec son goût manifeste pour le dessin et l'agencement des couleurs,
Monique entreprend de rejeunir la courtepointe et de la rendre si attrayante
qu'elle se mariera à tous les décors, anciens ou modernes,
grâce à des tonalités et à des dimensions
variées. Monique a accompli la tâche qu'elle s'était
donnée de réanimer la tradition et de l'introduire non
seulement dans nombre de foyers québécois, mais aussi de la
propager à travers le Canada et à l'étranger.
L'artisane a redonné au public le goût du passé dans
une conception nouvelle, belle et utile. À cause d'elle, la
courtepointe fait à nouveau partie de la vie de tous les jours,
qu'elle soit signée Cliche-Spénard ou d'une autre main
agile. »
Luce Bernard
Orpailleuse
Dawson (Territoire du Yukon)
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Confection d'une courtepointe à
l'Atelier Monique Cliche-Spénard,
Saint-Joseph-de-Beauce, 1979;
l'artiste est la deuxième à partir
de la gauche
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Monique Cliche-Spénard est née au Québec dans la
région de la Beauce, plus précisément dans la
vallée de la Chaudière. Elle descend directement d'une
famille de seigneurs intallés dans la région dès le
XVIIe siècle. Son père avait coutume de dire
qu'« un peuple sans tradition est un peuple qui meurt ». De son
côté, elle croit que « tout sera perdu quand nos familles
auront oublié ces choses-là », et c'est pourquoi elle cherche
à ressusciter les traditions des gens de son pays, la Beauce.
Monique Cliche-Spénard a commencé par collectionner des
étoffes anciennes de sa région ainsi que des moules à
beurre et à sucre façonnés à la main pour les
prvserver de l'oubli et de l'exploitation commerciale.
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Elle s'intéressait particulièrement aux courtepointes
anciennes dont elle étudia les technique de fabrication
traditionnelles auprès des Beauceronnes avant de se lancer à
son tour dans le métier. Sa première couretepointe
représentait ces moules à sucre :
« Je voulais raconter la Beauce et je cherchais des moyens visuels d'y
parvenir. Comme j'avais des moules à sucre chez moi, j'ai eu
l'idée de les reproduire en grand et d'expliquer pourquoi nous
avions des moules à sucre jadis. J'ai fait une courtepointe. C'est
ce qui m'a fait connaître. »
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En enseignant, Monique Cliche-Spénard en vint à distinguer
l'art traditionnel, qui privilégie les thèmes folkloriques
et les technique propres à la Beauce, et l'art populaire,
tourné vers les motifs contemporains et l'expression individuelle.
Cette découverte devait avoir d'importantes répercussions
sur son travail : elle réinterpréta la mémoire
collective de sa région en réarrangeant les motifs
traditionnels, en adaptant les techniques ancestrales et en choisissant ses
tissus imprimés et colorés en fonction de leurs
qualités formelles et de l'effet recherché.
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Le Cur du village, 1977
Tissu de coton
Piqué, avec appliqués
230 cm x 202 cm
MCC 86-126
Don de Ann Mortimer
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La famille Cliche
Saint-Joseph-de-Beauce (Québec)
vers 1900
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Monique Cliche-Spénard insiste sur la viabilité
économique de son métier. Très tôt, elle a
recruté ses voisines pour les encourager à reprendre une
occupation traditonnelle de la Beauce. Elle dirige aujourd'hui un atelier
où des artisanes rompues à toutes les facettes du
métier fabriquent et vendent des courtepointes dessinées par
elle.
Le succès de l'atelier lui donne le temps nécessaire pour
dessiner et fabriquer elle-même des courtepointes en éditions
limitées. Sa formation artistique et ses ambitions esthétiques
heurtent parfois les idées très conservatrices de certaines
de ses voisines, mais ces divergences d'opinion donnent à son travail
une tension créatrice. Le résultat est frappant : les
courtepointes de la Beauce, jadis simples pièces de literie, ornent
maintenant les murs. Ces anciens objets utilitaires sont ainsi devenus
autant de manifestes esthétiques et politiques sur les traditions
populaires de la Beauce.
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