opposition qui avait divisé les principaux
représentants du mouvement ouvrier en deux camps,
le Congrès canadien du travail (CCT) et le Congrès
des métiers et du travail (CMT) commença à
s'estomper durant la Seconde Guerre mondiale. Tout d'abord, les
conditions qui régnaient en temps de guerre
rapprochèrent les deux congrès dans des campagnes
menées de front auprès du gouvernement pour faire
valoir les droits des travailleurs. Sur l'épineuse
question du syndicalisme industriel, le CMT adoucit sa position.
Certains de ses propres syndicats adoptèrent le
modèle industriel, souvent en raison de la féroce
concurrence avec les affiliés du CCT. Au début des
années 50, ce maraudage coûteux entre syndicats
affiliés, qui ne faisait que semer la discorde,
força les chefs syndicaux à rechercher un
compromis. En 1953, un comité pour l'unité,
composé de dirigeants du CCT et du CMT, entama des
négociations. Des discussions similaires eurent lieu
aux États-Unis où l'on conclut une entente
établissant la fusion de l'American Federation of
Labour (AFL) et du Committee for Industrial Organizing (CIO),
lesquels formèrent l'AFL-CIO. En mars 1955, les
négociateurs annoncèrent une décision
semblable au Canada.
Le 23 avril 1956, 1620 délégués du
CCT et du CMT, représentant plus d'un million de
syndiqués, se réunirent à Toronto pour
fonder le Congrès du Travail du Canada (CTC).
Plusieurs mois plus tard, l'unité syndicale fut
encore renforcée lorsque la One Big Union et plusieurs
autres syndicats indépendants, y compris celui des
chauffeurs de locomotive et des agents de train,
s'affilièrent au CTC. Partout au pays, les conseils
locaux et provinciaux du CMT et du CCT emboîtèrent
le pas aux organisations nationales et fusionnèrent.
Cela mettait fin à 20 ans d'une frustrante concurrence
entre les deux plus grosses organisations syndicales du Canada.
Il ne restait plus, à l'extérieur du CTC, que les
syndicats catholiques du Québec.
La formation du CTC raffermit la position de la classe
ouvrière dans la société canadienne.
Les syndiqués s'allièrent à d'autres
mouvements, comme le mouvement coopératif qui faisait
campagne pour établir un régime national de
santé, des programmes universels d'aide sociale, un
système d'indemnisation des travailleurs, l'adoption
de lois concernant le salaire minimum, des régimes
améliorés de retraite et de chômage et
d'autres programmes connexes. Le CTC favorisa l'atteinte de
ces objectifs en diffusant des programmes éducatifs et
en exerçant des pressions auprès des
gouvernements fédéral et provinciaux. Il
revendiqua également la création d'un parti
travailliste en remplacement de la Fédération
du Commonwealth coopératif (FCC), qui s'était
considérablement affaiblie depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale.
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