u milieu des années 70, la grande expansion industrielle de la période d'après-guerre qui avait envahi l'Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest avait pris fin. Au Canada, la stagnation de l'économie conjuguée avec une inflation rampante, le gonflement des déficits gouvernementaux et le rétrécissement des profits des grandes entreprises signalaient l'entrée dans une nouvelle ère, difficile pour le syndicalisme. Les gouvernements et les entreprises mettaient les difficultés du pays sur le compte des syndicats et du salaire social. Les syndiqués, disaient-ils, créaient les déficits, les augmentations incontrôlables de prix et l'amincissement de la marge de profit des entreprises à cause de leurs exigences salariales déraisonnables. Les porte-parole du gouvernement et du milieu des affaires déclarèrent aussi que les programmes en matière de salaire social - le coût des soins de santé, des pensions, de l'assurance-chômage et de l'aide sociale -, que les syndicats et les autres groupes sociaux-démocrates étaient parvenus à assurer à la population canadienne, étaient en grande partie la cause de la dette du pays. En 1975, les dirigeants d'entreprises et les mass-média firent d'énormes pressions auprès du gouvernement fédéral pour qu'il diminue les coûts de la main-d'œuvre. Le jour de l'Action de grâces, le premier ministre Trudeau annonça sur les chaînes de télévision nationale l'introduction de mesures de contrôle obligatoire des prix et des salaires. En vertu de la nouvelle loi, les augmentations salariales étaient contrôlées et celles qui étaient jugées inacceptables étaient ramenées à leur niveau antérieur par le gouvernement. Cette loi s'adressait aux syndicats les mieux organisés ou, en d'autres mots, à ceux qui étaient les plus efficaces pour obtenir des augmentations de salaires décentes. Les dispositions de la Loi permettaient aussi au gouvernement de contrôler l'augmentation des prix. Toutefois, les prix ne furent jamais contrôlés d'aussi près que les salaires en raison de la complexité du processus et de la réticence des entreprises à dévoiler l'information.



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