Ce diorama comporte 113 figures sculptées à la main, animées par des engrenages et habillées de costumes confectionnés par la fille du sculpteur, Annette Poulin. Dans une inscription placée bien en évidence au centre de son chef-d'œuvre, Archelas Poulin précise : «J'ai mis 23 mois à produire cet ouvrage.» Fier de son travail, le sculpteur nous présente dans cette scène des personnages animés par des mécanismes invisibles mus à l'électricité. Les danseurs tournoient, les musiciens jouent avec entrain et des pieds visibles sous la porte des cabinets marquent le tempo.
Représentant d'une riche tradition québécoise de sculptures sur bois, Poulin, comme de nombreux artistes populaires, a révélé son génie créateur dans la solitude. Après un grave accident sur un chantier en 1917, le jeune habitant de Lac-Mégantic (Québec) se mit à sculpter le bois de pin avec un couteau de poche. Il réalisa ainsi vingt-quatre diorams inspirés de la vie du Christ. Encouragé par le grand succès de son œuvre dans les foires locales, il entreprit une tournée en Amérique, d'abord en train, puis en camion.
Jusqu'à Cuba et au Mexique, les visiteurs des foires s'émerveillèrent de son ingéniosité. Le vol de ses vingt-quatre dioramas à Boston en 1926 ne l'empêcha pas de poursuivre sa carrière. Peu de temps après, il présente en tournée un nouveau spectacle : douze dioramas représentant les mois de l'année dans le Québec rural du siècle dernier. Il y ajoutera plus tard cette scène de bal, avec plusieurs autres œuvres, après avoir fait l'acquisition d'un camion à remorque vers la fin des années quarante. Aventurier, Poulin est l'un de ces sculpteurs marginaux qui vont à la rencontre de leur public, souvent dans les petites villes et les foires rurales.