Le voiturier Félix Gauthier de Trois-Rivières (Québec) construit en 1898 ce magnifique corbillard à trois chevaux pour sa maison funéraire, Gauthier et Fils. Il l'utilise toute l'année pour conduire, en apparat, des gens de grande et de petite naissance, à leur dernier repos. L'hiver, il remplace simplement les roues par des patins. Les rideaux du corbillard sont noirs pour les enterrements d'adultes et blancs pour ceux d'enfants.
Les éléments décoratifs symboliques, exécutés par un sculpteur anonyme de Montréal, sont fortement associés au rituel catholique de l'enterrement. Des faux croisées, qui symbolisent la mort, se trouvent sur les côtés. Des humains dans un jardin de fougères, de palmiers et de quenouilles évoquent le paradis.
Les palmiers qui ornent les coins du corbillard symbolisent la victoire du Christ sur le péché et la mort. Des anges tenant une torche dans chaque main survolent le paradis. Les torches sont peut-être une représentation de Jésus-Christ en tant que lumière du monde. Les urnes allumées et posées aux quatre coins du corbillard symbolisent la sagesse et la dévotion religieuse. De chaque côté, une femme en deuil tient dans la main droite une couronne de laurier, symbole de l'éternité. De sa main gauche, elle prend appui sur un livre qui représente les saintes Écritures. Deux chérubins soulèvent la couronne de la victoire surmontée de la croix de la rédemption et du salut.
La pompe et le cérémonial associés à cette voiture témoignent de l'importance qu'attachait la société québécoise à la mort à la fin du XIXe siècle. En plus d'ètre une importante pièce de sculpture québécoise d'époque, ce corbillard est aujourd'hui un très rare exemple de ce genre de corbillard dont une grande partie des ornements d'origine richement sculptés d'origine soient restés intacts.