Le goût victorien pour le style rocaille laissait à l'artisan canadien du milieu du XIXe siècle une grande liberté quant à la décoration. Dans ce buffet ouvragé l'ébéniste emprunte certains motifs caractéristiques du rocaille, tels que volutes, feuillages, fruits et fleurs, pour alléger sinon égayer un meuble d'apparence plutôt massive. Bien qu'il ne soit pas signé, ce meuble pourrait provenir, par son style et son historique, de l'atelier de William Drum. Comme d'autres artisans de l'époque, Drum trouvait sa clientèle dans les grandes familles canadiennes riches au goût raffiné, ainsi que parmi la bourgeoisie moyenne de plus en plus nombreuse. Jean-Thomas Taschereau, issu d'une influente famille seigneuriale et l'un des premiers juges de la Cour suprême du Canada en 1875, possédait jadis ce buffet dans sa résidence de Québec. Après sa mort, le meuble échut à son fils, Louis-Alexandre Taschereau, avocat et homme politique qui allait devenir premier ministre du Québec. Le buffet met ici en valeur un bol en verre taillé de G.H. Clapperton and Sons de Toronto, une paire de girandoles anglaises de couleur vert pomme et deux vases japonais du XIXe siècle. |