Les louches et les cuillers servaient à transférer les aliments des plats de service dans les assiettes et à manger. Les louches pouvaient être d'une sobre élégance ou comporter des manches ornés de la représentation d'un ancêtre ou d'une figure emblématique.

Des cuillers en andouiller au manche décoré de figures emblématiques sont apparues sur le continent il y a 3 000 ans, au site nord-est de Musqueam, près de l'embouchure du Fraser, et des noyaux de cornes de chèvre des Rocheuses utilisés pour les manches de cuillers datant d'il y a 4 000 ans ont été trouvés dans les amas de coquilles de Prince Rupert. Malheureusement, on n'a mis au jour aucun spécimen préhistorique de cuillers en corne sur les sites haïdas, mais il est probable que les Haïdas se sont procuré très tôt de semblables ustensiles auprès de groupes du continent par le biais du système des potlatchs intertribaux.

Les cuillers en corne individuelles étaient les articles les plus richement décorés d'un festin. Le cuilleron était en corne de chèvre des Rocheuses de couleur crème passée à la vapeur et moulée. Les manches incurvés étaient en corne noire de chèvre des Rocheuses, laquelle fournissait le meilleur support qui fût à l'expression artistique, exception faite des mâts totémiques. De fait, beaucoup de manches de cuiller étaient des reproductions fidèles des mâts se dressant devant les maisons de leurs possesseurs. Certains des manches les plus élaborés comportaient plus d'une dizaine de minuscules figures se contorsionnant et semblant se dévorer les unes les autres sur une surface qui dépassait rarement 15 cm de longueur. Des milliers des ces exquises œuvres d'art peuvent être admirées dans les musées.

Certains aliments, par exemple les baies de sépherdie du Canada (ou crème glacée amérindienne), nécessitaient des ustensiles particuliers pour être consommés. Les cuillers pour manger les baies de sépherdie fouettées avaient la forme de pagaies miniatures, avec lesquelles les gens enfournaient littéralement ce délice dans leur bouche.