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L'art haïda
Art haïda




   Les sociétés secrètes



(page 2)

Chaque société de danse avait ses propres caractères distinctifs. Certaines d'entre elles étaient l'apanage de chefs de village particuliers, et ne se retrouvaient pas dans tout Haida Gwaii. Swanton et Curtis ont interrogé de nombreux informateurs assez longtemps après la disparition des sociétés pour qu'ils révèlent des faits qui auraient autrement été gardés secrets.

Swanton affirme que les sociétés secrètes se sont fondues dans les croyances chamanistes des Haïdas :

De même qu'un chaman était censé être inspiré par un être surnaturel qui «parlait», ou, ainsi qu'ils préféraient généralement le traduire à mon intention, «passait à travers» lui, de même l'esprit U'lala, l'esprit mangeur de Chien, l'esprit du Grizzli, et ainsi de suite, «passait à travers» le novice de la société secrète.

La Ulala (ou Wilala), semblable à la Hamatsa (ou Cannibale) des Kwakwaka'wakws (ou Kwakiutls), dont la danse était exécutée exclusivement par des hommes, était une des sociétés principales. Une longue perche avec une barre transversale passait à travers le toit, s'élançant de derrière le rideau de danse, et des pendants en écorce de cèdre y étaient suspendus. On faisait tourner cette perche pour signaler à ceux qui étaient dehors que le Ulala allait apparaître. Curtis a écrit : «Divers masques étaient portés par Ulala, selon la source supposée de son pouvoir surnaturel




VII-B-538
Ce sac en peau de daim, qui a contenu de l'ocre rouge en poudre pour la peinture utilisée lors de diverses cérémonies, est extrêmement usé. L'Oiseau-Tonnerre bicéphale, sur le devant, est une rareté chez les Haïdas, qui le représentent normalement avec une seule tête. Il évoque beaucoup un motif de tatouage et a peut-être été utilisé de la sorte par son propriétaire.

Recueilli à Skidegate entre 1890 et 1904 par Charles F. Newcombe.
MCC VII-B-538 (S92-4235)
 
VII-B-537
Le style de la peinture de ce sac en peau de daim (utilisé pour conserver de l'ocre rouge à peinture) est tout à fait remarquable. C'est l'œuvre d'un maître inconnu du milieu du siècle dernier. On voit sur le sac deux opposés classiques : l'Oiseau-Tonnerre, qui est l'être céleste suprême, et l'Épaulard, une manifestation du Chef des Mers.

Recueilli à Skidegate entre 1890 et 1904 par Charles F. Newcombe.
MCC VII-B-537 (S92-4233)




Les effets de scène, qu'ils prenaient au pied de la lettre, choquèrent particulièrement les premiers missionnaires et les dégoûtèrent. Curtis décrit ainsi le jeu du Ulala :

Il avait les mêmes gestes et les mêmes expressions du visage que le Hamatsa, et faisait semblant de mordre l'avant-bras de plusieurs personnes. En fait, il ne mordait pas pour vrai. Ceux qui devaient être «mordus» avaient pris soin de se faire une ampoule sur l'avant-bras en brûlant une surface ronde de peau avec de l'écorce de cèdre, de façon à pouvoir exhiber une plaie à vif après avoir été «mordus». Un bon nombre d'hommes âgés ont ainsi de nombreuses cicatrices le long du bras.

Apparaissant à l'orée du bois, Ulala construisait une hutte funéraire et sortait une effigie évoquant tout à fait un cadavre. Elle était couverte de peaux sombres de macreuses et ressemblait vraiment à un cadavre desséché et moisi. À l'intérieur du ventre, il y avait une masse de liber d'épinette cuit, ou une longue corde de pâte bleuâtre évoquant les intestins. Parfois, l'initié déchirait la peau du ventre et en dévorait le contenu sur la plage, mais d'ordinaire le «cadavre» lui était enlevé et transporté dans la maison, où il mangeait et distribuait des portions aux autres Ulala.


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