e syndicalisme n'est pas disparu du paysage social
canadien comme certains grands magnats l'avaient
prédit. Néanmoins, la lutte pour la survie
et la régénération du mouvement n'a
jamais été simple ni facile. Avec
l'éloignement de la dépression en cette
fin de siècle, la situation de l'emploi va en
s'améliorant, mais un nombre record de Canadiennes
et de Canadiens demeurent au chômage. Même si
la croissance de l'économie facilite la
résistance aux concessions, une grande partie de
ce qui a été perdu n'a pu être
regagnée. La résistance aux concessions eut
un effet intéressant sur le syndicalisme international
au Canada. Depuis la fin des années 60, les membres
canadiens des syndicats internationaux jouissaient d'une
autonomie grandissante dans la gestion des affaires de ces
syndicats. L'affaiblissement des syndicats aux
États-Unis durant les années 80
accélérèrent la canadianisation
du mouvement puisque les travailleurs canadiens
tentèrent de consolider leur propre position
au Canada. Le cas le plus célèbre se
produisit en 1985 lorsque les membres canadiens du
United Auto Workers of America se retirèrent
pour créer le Syndicat des travailleurs
canadiens de l'automobile. Toutefois, la canadianisation
ne fut pas synonyme d'isolement. En fait, la signature
de l'Accord de libre-échange nord-américain
avec le Mexique et les États-Unis, et la
mondialisation de l'économie firent sentir
au mouvement ouvrier la nécessité de
collaborer sur le plan international. Les premiers
syndicats de métier, les Chevaliers du Travail,
la révolte de 1919 et le syndicalisme industriel
du CIO avaient témoigné de la nouvelle
vision qu'avaient eu les travailleurs de leur mouvement
en période de crise. L'avenir nous dira si une
plus grande collaboration internationale marque le
prélude d'une nouvelle ère dans
l'histoire du mouvement ouvrier.
|