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L'art haïda
Art haïda




    L'art haïda




*Style artistique
de la côte
septentrionale


*Dessin plat

*Sculpture
Le style artistique de la côte septentrionale

Nombre de caractères de ce que l'on reconnaît comme le style artistique de la côte septentrionale sont partagés par les Haïdas et leurs voisins du continent, les Tsimshians à l'est, et les Tlingits au nord. Cela est particulièrement vrai des motifs plats à base de lignes figuratives et d'ovoïdes. Les lignes figuratives primaires, qui sont généralement noires, dessinent le contour des parties de chaque figure. Les lignes figuratives secondaires se présentent à l'intérieur des espaces primaires et sont généralement rouges. Dans de rares cas, les deux couleurs sont inversées pour obtenir un effet saisissant. Il existe une grammaire formelle des lignes figuratives, des règles déterminant l'épaisseur de la ligne et ses changements de direction.

Une forme arrondie et bombée, d'ovale à rectangulaire, appelée ovoïde, est une caractéristique unique de l'art de la côte nord-ouest. Les ovoïdes servent à figurer les yeux et les articulations d'une créature, et parfois les dents ou des orifices tels que les narines et les oreilles. De petits visages sont souvent placés à l'intérieur de ces ovoïdes; ils font référence à la perte de l'âme, prélude à la mort, car les Haïdas croient que l'âme s'échappe par les articulations ou les orifices du corps.




VII-C=109 Coffre haïda en bois de cèdre rouge plié sur lequel a été sculptée et peinte l'image protectrice de Konankada, le Chef du Monde sous-marin.

Recueilli en 1905 près de la rivière Nass par W.A. Newcombe.
MCC VII-C-109 (S94-6802)




Le motif artistique haïda le plus courant est le dessin plat symétrique fait d'un assemblage complexe de diverses composantes, et représentant le Chef du Monde sous-marin. Cet être surnaturel se retrouve partout dans la région de la côte nord- ouest, des niveaux préhistoriques du site archéologique Ozette, dans l'État de Washington, aux coffres de sépulture anciens trouvés dans des grottes d'Alaska. Ce motif, un des favoris des Haïdas, est une représentation plate bidimensionnelle d'un être dont le petit corps est surmonté d'une tête démesurément grosse et large au front fendu. Les yeux contiennent souvent de petites créatures, et notamment des têtes de saumon de profil ou des têtes à double profil de forme semblable à la grosse tête. Les mains sont elles aussi gigantesques, les paumes tout particulièrement, à l'intérieur desquelles, dans de rares cas, on fait figurer des visages. Des nageoires pendent souvent des bras, qui sont minces et fermement repliés contre le corps. Toutes les articulations du corps de l'être sont marquées d'yeux, de têtes de saumon ou de visages humains. L'impression donnée est celle de bandes noires ondulantes esquissant un large visage fourmillant d'autres formes de vie, dans lesquelles certains voient des âmes d'humains ou d'autres êtres temporairement retenues à l'intérieur de cette créature et attendant leur renaissance dans le monde au- dessus de la mer. George T. Emmons, grand témoin de la culture tlingit et collectionneur d'objets tlingits pour un certain nombre de musées, a fait l'observation suivante :

La croyance dans l'être mythique appelé Gonaqadet est répandue sur toute la côte. Il vit dans la mer et donne pouvoir et fortune à tous ceux qui le voient. Parfois, il émerge des eaux sous la forme d'une façade de maison superbement peinte incrustée de la précieuse haliotide bleue et verte (ormeau ou abalone), puis de nouveau ayant pris la forme de la tête d'un énorme poisson ou d'une pirogue de guerre au riche décor peint. Dans l'art décoratif, il est généralement représenté comme une grosse tête avec des bras, des pattes et des nageoires.

En dépit du fait que les Haïdas représentaient très souvent le Chef du Monde sous-marin sur tous les types de contenants, par exemple des récipients ou des coffres, des sièges de chef, voire des façades, ils le nommaient rarement. Nous savons toutefois, d'après les observations de Swanton sur la cosmologie haïda, que cet être omniprésent s'appelle Konankada (ou Gonankadet chez les tribus continentales de la côte septentrionale). En gros, c'est le Maître des âmes. On a une indication de sa nature dans le mythe haïda du Maître-Joueur, dont la maison se trouve à mi-chemin vers le pays des âmes, ou le domaine de Konankada. Si ceux qui s'arrêtent pour jouer perdent contre le Maître-Joueur, d'autres personnes mourront bientôt dans leur village. S'ils gagnent, par contre, les remontées de saumons dans les cours d'eau de leur village augmenteront. Ce va-et-vient des âmes entre humains et saumons constitue l'une des équations fondamentales de l'art de la côte septentrionale. Le paradigme de cette équation et de beaucoup d'autres est la reconversion des âmes entre humains et animaux (le plus souvent des saumons) d'une génération à l'autre.



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