Style artistique
de la côte
septentrionale
Dessin plat
Sculpture |
Le dessin plat
Les complexes dessins bidimensionnels appelés «dessins plats» sont caractéristiques de l'art de la côte nord-ouest et sont strictement régis par des canons formels portant sur la ligne et la forme. Les Haïdas réalisaient beaucoup moins de peintures de grande dimension, telles que des façades et des écrans, que leurs voisins tsimshians. Les Haïdas étaient cependant les maîtres du dessin plat subtilement sculpté - une sorte de bas-relief, dans lequel les espaces secondaires et tertiaires étaient rehaussés de plans légèrement bombés ou concaves entre les lignes figuratives primaires. Dans les œuvres haïdas du passé on trouve moins de complexes zones grenées constituées de hachures ou de lignes parallèles autour des formes oculaires que chez les artistes tsimshians et heiltsuks. On ne connaît pas le nom des artistes haïdas du passé, mais l'historien de l'art Bill Holm, après avoir étudié attentivement des oeuvres aussi diverses que des mâts totémiques, des peintures de façade, des sièges de chef et des sculptures en argilite, a identifié un maître peintre et sculpteur ancien auquel il a donné le nom de «Maître du canapé de Chicago», d'après la première oeuvre qui ait attiré l'attention d'experts tels que Holm, Wilson Duff et l'artiste haïda Bill Reid.
À partir des années 1870, de nombreux artistes haïdas dont on connaît le nom ont atteint une liberté et une créativité remarquables dans leurs peintures, représentant des mammifères, des poissons et des oiseaux de manière beaucoup plus réaliste qu'auparavant, et souvent avec une dimension tout à fait narrative. Cette évolution créatrice est sans aucun doute liée au fait que ces artistes - ils étaient plusieurs dizaines - utilisaient à la fois l'argilite et la peinture, créant des motifs à l'aide de lignes figuratives sur divers objets de façon à plaire aux visiteurs étrangers.
Les plus connus de ces artistes étaient Charles Edenshaw, Tom Price, John Robson et John Cross, mais il y en eut beaucoup d'autres. Un petit nombre d'artistes de Skidegate ont aussi peint des boîtes ou des tambours dans des styles révolutionnaires avec des résultats fascinants. Il est pratiquement impossible de différencier les boîtes du XIXe siècle décorées dans les divers villages des groupes de la côte septentrionale, car elles servaient à contenir des articles de troc échangés entre ces communautés. Cependant, on distingue des styles tribaux sur les boîtes et les coffres appartenant aux chefs, qui y entreposaient leurs biens précieux ou s'en servaient comme coffres de sépulture (ou cercueils).
John Cross, John Robson, Tom Price et Charles Edenshaw ont également réalisé de nombreux dessins plats qui entrent dans la catégorie des «dessins de grand livre», courants dans l'art amérindien de la fin du XIXe siècle. C'étaient souvent des dessins complexes à base de motifs de tatouage, faits de mémoire dans de grands livres ou des cahiers fournis par les administrateurs et les missionnaires qui venaient instruire et christianiser les Amérindiens. Savoir dessiner était tenu pour important, et pour encourager les Autochtones on leur fournissait des crayons de couleur, des bâtonnets de pastel et du papier. Les Haïdas ne se faisaient pas prier pour adopter ces matières nouvelles et offrir des broderies comportant des motifs totémiques ou autres très demandés chez les collectionneurs.
Le dessin plat haïda a survécu et est même florissant sur le marché des estampes à tirage limité qui a surgi à la fin des années 1960. Nombre d'artistes tels que Don Yeomans, Gerry Marks et Reg Davidson ont réalisé des centaines d'images vendues dans des galeries d'art du monde entier. Le maître actuel de ce type de peinture et de gravure est Robert Davidson (un descendant de Charles Edenshaw).
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