Albert Edward
Edenshaw
John Robson
Charles
Edenshaw
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Charles Edenshaw
Charles Edenshaw, ou Tahayren, est né en 1839. Il était le fils de l'unique sœur d'Albert Edward Edenshaw, Qwa'Kuna. Selon la fille de Charles, Florence Edenshaw Davidson, son père a commencé à sculpter l'argilite à quatorze ans alors qu'il était malade au lit.
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Charles Edenshaw en train de sculpter un bracelet en argent, entouré de spécimens de ses mâts miniatures en argilite et d'une boîte. Les lésions à son œil gauche résultant d'un accident dû à une arme à feu l'ont incommodé avec l'âge, mais n'ont aucunement altéré son sens délicat de l'équilibre et de la symétrie en sculpture.
Photo anonyme, vers 1910.
MCC 88926 |
Entre 1878 et 1881, John Robson a fait élever un mât à la mémoire de Qwa'Kuna. Ce mât a été sculpté par Charles, qui y a représenté le Corbeau, le Castor et l'Aigle perché au sommet. Le Corbeau est semblable à celui sur lequel se tient la figure du gouverneur James Douglas sur le mât de l'«amitié» exécuté par Albert Edward Edenshaw à Kung. Vers le milieu de l'adolescence, Charles prit l'habitude d'aller chaque été rejoindre son oncle à Kung, et les fruits de ses séjours là-bas sont évidents dans les détails raffinés du modèle qu'il a réalisé de la Maison-de-l'histoire d'Albert Edward. À sa majorité, Charles s'installa à Masset pour poursuivre son apprentissage auprès de son oncle. Selon Alfred Adams :
Tandis qu'il poursuivait sa formation dans l'atelier de son oncle, Charles approfondissait ses connaissances des traditions anciennes, perfectionnait sa technique et apprenait à observer la nature [...] Pour marquer son accession au statut de maître artisan au sein de la communauté, il a donné un potlatch, ou un festin pour le village, dans la maison de son oncle.
Charles épousa Isabella K'woiyang, dont la tante Amy était la deuxième femme d'Albert Edward. Dans les années 1870, il sculpta deux mâts pour le chef Skidegate. Le premier était un poteau d'intérieur de maison représentant une Baleine, une Grenouille et un Corbeau au long bec. Le second, peut-être exécuté avec John Robson, était un mât funéraire érigé en 1879-1880 pour l'une des femmes du chef Skidegate. La figure humaine qui y était sculptée était censée illustrer l'histoire du gendre paresseux où un jeune homme tue un Wasgo (ou Loup-de-la-mer) dans le lac qui se trouve derrière le village de Skidegate. La face sur le mât est celle d'un tcamaos (écueil surnaturel).
Graduellement, Charles diversifia ses talents et aborda un plus large éventail de moyens d'expression, travaillant le bois, l'argilite et les métaux précieux. Dans les années 1890, son talent artistique et ses connaissances traditionnelles attirèrent l'attention d'anthropologues et de collectionneurs de musées, dont Charles F. Newcombe, Franz Boas, et tout particulièrement John R. Swanton, qui étaient engagés dans une folle course contre la montre pour consigner tout ce qu'ils pouvaient sur l'art et la culture haïdas, et en recueillir des spécimens, avant qu'ils ne disparaissent. L'agent des Indiens à Masset, Thomas Deasey, ne le laissait pas non plus chômer, lui commandant des mâts totémiques miniatures en argilite.
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Ravissant plateau en argilite réalisé par Charles Edenshaw. Il est décoré d'un motif classique d'Oiseau-Tonnerre et de Baleine. Les doubles contours des lignes figuratives et les variations de la texture du fond identifient cette pièce comme sienne, même si, à l'époque, ni lui ni aucun autre sculpteur ne signaient leurs œuvres.
Acquis à Masset avant 1899 pour la collection A. Aaronson.
MCC VII-B-824 (S94-6817) |
Charles et Isabella eurent cinq filles, mais seulement deux fils, morts en bas âge. Pour alléger sa peine, Charles se mit à enseigner à de nombreux jeunes sculpteurs les mythes haïdas et les techniques de sculpture de différentes matières. John Marks, Isaac (Ben) Chapman et Daniel Stanley (Skilgoldzo), le petit-fils du célèbre artiste de Masset Simeon Stiltla, furent tous ses élèves.
Charles Edenshaw possède un style éminemment personnel aux lignes figuratives vigoureuses. Pour ses clients haïdas, il réalisa des objets ornementaux ou pratiques. Il fabriquait des bijoux en argent et en or, notamment des boucles d'oreilles et des bagues, des broches et des bracelets, tant pour les Haïdas que pour les touristes. Sa femme, Isabella, tressait des paniers et des chapeaux qu'elle ornait de motifs peints, et qui étaient surtout vendus aux touristes. Il a surtout produit des objets en argilite pour les touristes, y compris des encriers, des modèles de maison, des coffres à couvercles et de grands plateaux. L'une de ses œuvres les plus importantes, un coffre de sépulture haïda traditionnel, se trouve au Musée canadien des civilisations.
Charles Edenshaw est mort à Masset en 1924, léguant ses outils à son neveu Charles Gladstone, un sculpteur de Skidegate, le grand-père de l'artiste réputé Bill Reid.
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