a première grande victoire du CIO au Canada eut lieu en
avril 1937 à la grosse usine de General Motors (GM) d'Oshawa.
La direction refusa d'accorder à ses 4000 employés la
journée de travail de huit heures, une augmentation salariale
et une amélioration des conditions de travail, un régime
d'ancienneté et la reconnaissance de leur tout nouveau
syndicat, le United Auto Workers (UAW). Le 8 avril, les travailleurs
débrayèrent, s'engageant ainsi dans l'une des plus
importantes confrontations dans l'histoire moderne du syndicalisme
au Canada. Même si les revendications des travailleurs
portaient sur des conditions locales, la direction de GM et le
premier ministre de l'Ontario, Mitchell Hepburn, craignirent
qu'une victoire à Oshawa ne rehausse considérablement
la popularité du Committee for Industrial Organizing (CIO)
dans toutes les régions industrielles de l'Ontario. Deux
semaines après le début du conflit, la direction de
GM régla la grève au grand dam du gouvernement
provincial. La direction reconnut que l'ampleur de l'appui syndical
représentait un obstacle de taille et elle eut peur de perdre
une part du marché si la grève se prolongeait
indéfiniment.
Le syndicat obtint gain de cause à bien des égards.
Sur l'importante question de la reconnaissance syndicale, la
compagnie se prononça en faveur de la négociation
collective à la condition que les dirigeants syndicaux
coupent publiquement tout lien avec le CIO. Malgré de telles
déclarations officielles, chacun savait que la grève
d'Oshawa était une importante victoire pour le CIO. Le UAW
d'Oshawa était un syndicat « fabriqué au Canada
» tout comme la plupart des syndicats affiliés au CIO
qui virent le jour au cours des dix années qui suivirent.
Les militants étaient recrutés parmi les travailleurs
canadiens et luttaient pour leurs propres causes sous l'il
vigilant d'un leadership canadien. Ils étaient affiliés
aux syndicats du CIO aux États-Unis à cause de
l'énergie manifestée par le CIO dans les
années 30 et 40 et parce qu'ils travaillaient dans
les mêmes industries, pour les mêmes employeurs,
et dans des conditions semblables aux travailleurs américains.
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