Le lendemain, un pilote rochelais
conduit le navire à la rade de La Flotte pour l'abriter
des vents dominants. Arrivé à terre à
l'île de Ré, Le Roy est confronté à
des complications avec l'administration maritime. Le greffier
de l'amirauté du port de La Flotte réclame une
déclaration et le paiement des droits. Il menace Le Roy
et son confrère pilote d'une amende. Jean Marin
résiste aux prétentions du fonctionnaire. À
son retour, le capitaine Bellet décide de monter la
Seudre sans pilote en suivant simplement un autre navire normand
dont le capitaine connaît bien les environs. Mais les
éléments semblent prendre parti pour
l'amirauté. Surpris par un grand vent de l'Est, le
Saint-André est en difficulté. Le Roy met
son petit pavillon en berne pour demander aux gens du port de La
Flotte de lui prêter main-forte pour relever son ancre.
Trop occupées ou peut-être mécontentes du
refus de la veille, les autorités du port ne
répondent pas à l'appel de détresse. Jean
Marin doit se débrouiller avec les moyens du bord. Dans
l'après-midi, par précaution, il amène son
navire mouiller à la fosse de Loix.
Mardi, 5e jour de février 1754
Vers les 2 heures, après minuit, les vents sont venus
au SE et le pilote lamaneur a jugé qu'il valait mieux
aller mouiller dans la rade de La
Flotte 36,
car les vents passeraient par le Sud et l'Ouest. Arrivés
dans cette rade, nous sommes allés reconduire le
lamaneur. Une fois à terre, le greffier de
l'amirauté nous a dit que nous ne pouvions pas prendre
de pilote pour monter la Seudre à moins de faire une
déclaration. Je lui ai répondu que le capitaine
avait déjà fait sa déclaration à
La Rochelle et que, par conséquent, il devait nous
laisser passer avec le pilote. Le greffier de l'amirauté
m'a répondu qu'il y avait 50 livres d'amende pour le
lamaneur, s'il s'embarquait avec un capitaine sans faire cette
déclaration. Alors le capitaine a décidé
de monter la rivière sans pilote en suivant le capitaine
Hulin, de Honfleur, qui connaît bien
l'endroit 37.
Mercredi, 6e jour de février 1754
Vers 9 heures du matin notre grand câble s'est
cassé en raison du grand vent d'Est. Nous sommes
allés mouiller notre petite ancre avec son petit
câble étalingué. Nous l'avons changé
de bout, puis nous avons mis nos deux huniers sur les fils,
prêts à mettre les voiles de crainte que notre
petit câble ne vint à casser. Afin de lever
notre ancre, nous avons mis notre petit pavillon en berne
pour demander une chaloupe du port de La Flotte, car nous ne
pouvions pas la lever avec notre chaloupe par ce grand vent
et cette grosse mer. Comme aucune chaloupe n'est venue de
La Flotte et que notre petit câble ne vaut rien, nous
avons pris des précautions de crainte qu'il ne vint
à casser et d'être obligés de faire
côte pendant la nuit. Vers 2 heures de l'après-midi,
nous avons levé notre petite ancre et appareillé
de la rade de La Flotte pour venir mouiller à la fosse de
Loix 38.
Vendredi, 8e jour de février 1754
Vers midi, le capitaine est allé à terre dans
la chaloupe avec cinq hommes pour sauver notre grande ancre
et acheter ou faire faire un petit câble neuf. Il est
resté à terre pour la nuit et les cinq hommes
sont revenus avec la chaloupe vers les 3 heures de
l'après-midi.
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