Mer et monde : Les pêches de la côte est du Canada

En quête du délice des jours maigres
Le voyage de pêche du Saint-André (1754)
En quête du délice des jours maigres : 
Le voyage de pêche du Saint-André (1754)

Par Jean-Pierre Chrestien à la TABLE DES MATIÈRES


En rade aux environs de l'île de Ré

Les complications de l'administration maritime
 

Le lendemain, un pilote rochelais conduit le navire à la rade de La Flotte pour l'abriter des vents dominants. Arrivé à terre à l'île de Ré, Le Roy est confronté à des complications avec l'administration maritime. Le greffier de l'amirauté du port de La Flotte réclame une déclaration et le paiement des droits. Il menace Le Roy et son confrère pilote d'une amende. Jean Marin résiste aux prétentions du fonctionnaire. À son retour, le capitaine Bellet décide de monter la Seudre sans pilote en suivant simplement un autre navire normand dont le capitaine connaît bien les environs. Mais les éléments semblent prendre parti pour l'amirauté. Surpris par un grand vent de l'Est, le Saint-André est en difficulté. Le Roy met son petit pavillon en berne pour demander aux gens du port de La Flotte de lui prêter main-forte pour relever son ancre. Trop occupées ou peut-être mécontentes du refus de la veille, les autorités du port ne répondent pas à l'appel de détresse. Jean Marin doit se débrouiller avec les moyens du bord. Dans l'après-midi, par précaution, il amène son navire mouiller à la fosse de Loix.

Mardi, 5e jour de février 1754

Vers les 2 heures, après minuit, les vents sont venus au SE et le pilote lamaneur a jugé qu'il valait mieux aller mouiller dans la rade de La Flotte 36, car les vents passeraient par le Sud et l'Ouest. Arrivés dans cette rade, nous sommes allés reconduire le lamaneur. Une fois à terre, le greffier de l'amirauté nous a dit que nous ne pouvions pas prendre de pilote pour monter la Seudre à moins de faire une déclaration. Je lui ai répondu que le capitaine avait déjà fait sa déclaration à La Rochelle et que, par conséquent, il devait nous laisser passer avec le pilote. Le greffier de l'amirauté m'a répondu qu'il y avait 50 livres d'amende pour le lamaneur, s'il s'embarquait avec un capitaine sans faire cette déclaration. Alors le capitaine a décidé de monter la rivière sans pilote en suivant le capitaine Hulin, de Honfleur, qui connaît bien l'endroit 37.

Mercredi, 6e jour de février 1754

Vers 9 heures du matin notre grand câble s'est cassé en raison du grand vent d'Est. Nous sommes allés mouiller notre petite ancre avec son petit câble étalingué. Nous l'avons changé de bout, puis nous avons mis nos deux huniers sur les fils, prêts à mettre les voiles de crainte que notre petit câble ne vint à casser. Afin de lever notre ancre, nous avons mis notre petit pavillon en berne pour demander une chaloupe du port de La Flotte, car nous ne pouvions pas la lever avec notre chaloupe par ce grand vent et cette grosse mer. Comme aucune chaloupe n'est venue de La Flotte et que notre petit câble ne vaut rien, nous avons pris des précautions de crainte qu'il ne vint à casser et d'être obligés de faire côte pendant la nuit. Vers 2 heures de l'après-midi, nous avons levé notre petite ancre et appareillé de la rade de La Flotte pour venir mouiller à la fosse de Loix 38.

Vendredi, 8e jour de février 1754

Vers midi, le capitaine est allé à terre dans la chaloupe avec cinq hommes pour sauver notre grande ancre et acheter ou faire faire un petit câble neuf. Il est resté à terre pour la nuit et les cinq hommes sont revenus avec la chaloupe vers les 3 heures de l'après-midi.



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