En l'absence du capitaine, qui
passe souvent la nuit à terre, Le Roy se trouve aux
prises avec le charpentier, qui a trop bu. Homme important
à bord, cet artisan est responsable de l'entretien,
des réparations et de l'aménagement du navire
pour la pêche. Il dispose de suif, d'étoupe, de
brai, de goudron et de tous les outils indispensables à
son travail. Durant la pêche, lorsqu'il n'est pas
occupé à ses travaux, il sert, comme les autres
matelots, à la pêche ou à la
préparation de la morue. Le charpentier du
Saint-André semble assez proche du capitaine
Bellet; ils vont parfois à terre ensemble. Jean Marin
Le Roy a du mal à se faire obéir.
Samedi, 9e jour de février 1754
Vers 10 heures du matin, par ordre du capitaine, j'ai
envoyé cinq homme à terre. Autour de 2 heures
de l'après-midi, une chaloupe de
Saint-Martin-de-Ré est venue nous apporter notre
grande ancre. Notre chaloupe de bord est revenue à
2 heures du soir avec les cinq hommes. Le capitaine est
resté à terre pour la nuit. Le charpentier
a voulu retourner à terre malgré moi. Je l'en
ai empêché parce qu'il était gris. Il
m'a chanté
pouilles 39.
Je l'ai prié de bien vouloir me laisser tranquille.
Sur ce, il m'a demandé qu'est ce que je lui ferais.
Je lui ai dit que je l'enverrais se coucher ou que je lui
donnerais sur la figure. Il m'a répondu que je
n'étais pas assez osé. Alors sur le champ,
j'ai fait ce que j'avais avancé. Après, il
m'a dit qu'il me ferait un procès au retour.
Messieurs, je vous demande justice sur l'heure. J'ai pour
témoins Jacques Beaudry et Michel Mouttier,
matelots, qui ont fait leur marque ou signé
ci-dessous.
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