Tout au long des années 50 et 60,
le gouvernement canadien discuta des mérites des systèmes de
sécurité sociale américain et britannique.
Après que l'étude commandée en 1957 par le
gouvernement Diefenbaker eut révélé les
problèmes relatifs à l'adoption d'un système de
sécurité sociale semblable à celui des
États-Unis, l'introduction par la Grande-Bretagne d'un
régime de pensions contributif en 1959 suscita un
intérêt particulier de la part des Canadiens.
Malgré la popularité des exemples américain et
britannique, à la fin des années 50, le Canada était
à la traîne de nombreux pays industrialisés sur le
plan des dispositions relatives à la sécurité
sociale. Vers le milieu des années 60, la plupart des pays d'Europe
de l'Ouest avaient introduit des régimes de pensions contributifs
fondés sur la rémunération, dont bon nombre
comprenaient des prestations de survivant, des prestations
d'invalidité, une protection pour les travailleurs
indépendants, et l'ajustement des prestations pour tenir compte de
l'inflation.
En 1960, le Canada dépensait beaucoup moins en pensions que de
nombreux pays industrialisés. (Keith G. Banting,
« Institutional Conservatism: Federalism and Pension
Reform », dans J.S. Ismael, éditeur, Canadian Social
Welfare Policy: Federal and Provincial Dimensions (Kingston, 1985),
page 51). Cela peut s'expliquer en partie par le fait que le pourcentage
de personnes âgées au Canada était plus faible
à cette époque-là que dans la plupart des pays
d'Europe de l'Ouest, et ce, principalement parce que le Canada avait perdu
bien moins de vies humaines au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Toutefois, les prestations disponibles aux personnes âgées et
aux personnes handicapées au Canada étaient également
plus faibles que celles versées dans les autres pays.
La conviction croissante chez beaucoup de Canadiens, au cours des
années 60, que toute la population devrait avoir droit à une
sécurité économique de base n'apparut pas toute
seule. Ce point de vue sur la sécurité sociale fut mis en
avant de la scène internationale à cette
époque-là grâce aux efforts de l'Organisation
internationale du travail.
Après la rédaction de la Convention de 1948 de
l'Organisation internationale du travail demandant la reconnaissance du
droit de s'organiser, celle-ci travailla de concert avec les Nations Unies
pendant de nombreuses années pour élaborer un Pacte sur les
droits économiques, sociaux et culturels. Ce Pacte remplaça
la Déclaration des droits de l'homme des Nations Unies en 1966. En
plus des droits humains fondamentaux, les articles 9 et 10 du nouveau
Pacte déclaraient que l'accès à la
sécurité et à l'aide sociale est un droit universel
tant pour les particuliers que pour les familles. Ces initiatives
internationales apportèrent un appui aux personnes qui, au Canada,
se battaient pour le Régime de pensions du Canada et la
législation subséquente sur le bien-être social.