Tout au long des années 90, le
gouvernement du Canada a été confronté à un
grand nombre de pressions différentes exercées par un vaste
éventail de groupes répondant aux développements
sociaux, économiques et politiques de la décennie. Ces
pressions ont constitué le contexte au sein duquel le gouvernement
s'est attaqué à la question de la réforme des
pensions et ont influencé les actions du gouvernement dans ce
domaine.
Au début des années 90, l'incertitude quant à la
viabilité financière du système de pensions
gouvernementales du Canada est devenue un enjeu politique de taille. Une
récession économique profonde a aussi eu lieu à la
même époque. À mesure que les entreprises
étaient forcées de fermer leurs portes ou de licencier des
employés, ce qui a poussé de nombreuses personnes au
chômage, les recettes fiscales du gouvernement fédéral
ont baissé. En même temps, il était de plus en plus
difficile d'assurer le service de la dette fédérale en
raison des taux d'intérêt élevés. Cela a
poussé les gouvernements fédéral et provinciaux
à réduire leurs dépenses et à maîtriser
leurs déficits. Les pouvoirs du gouvernement fédéral
de lancer de nouveaux programmes et d'améliorer les programmes
existants étaient donc gravement restreints, et de nombreuses
réductions des dépenses ont été
effectuées.
Parallèlement, le vieillissement de la société
canadienne a contribué à l'expansion et à la force de
centaines d'organisations de personnes âgées. Tout au long
des années 90, ces organisations ont suivi étroitement les
modifications de la politique relative aux pensions gouvernementales.
Elles sont devenues de plus en plus actives dans la promotion des
intérêts des personnes âgées du Canada en
exerçant des pressions sur le gouvernement, en prenant part
à des consultations sur les initiatives stratégiques et en
aidant à augmenter la sensibilisation du public aux questions
touchant les personnes âgées.
Parmi les groupes les plus importants, mentionnons la
Fédération nationale des retraités et citoyens
âgés (FNRCA), l'Association canadienne des individus
retraités (ACIR) et l'Association québécoise pour la
défense des droits des retraités et des
préretraités (AQDR). Ces organisations, de concert avec
divers groupes de réflexion et de politiciens, ont joué un
rôle très important dans la défense des pensions
gouvernementales du Canada au cours des difficultés
économiques des années 90.
En réponse à ces pressions, le gouvernement
fédéral a apporté quelques modifications importantes
à divers volets du réseau de sécurité sociale
du Canada. Les changements apportés aux pensions gouvernementales
visaient à maintenir les programmes pour l'avenir sans engager de
nouveaux coûts indûment élevés.
En 1996, confronté à des difficultés
économiques, un nouveau programme, appelé la Prestation aux
aîné(e)s, a été proposé afin de
remplacer la Sécurité de la vieillesse et le
Supplément de revenu garanti. Cette prestation devait être
plus équitable que les programmes en vigueur, car les prestations
des personnes à revenu élevé seraient réduites
plus rapidement. Toutefois, comme l'économie et la situation
financière du gouvernement se sont redressées, la
proposition n'a pas été mise en uvre.
Pour aider à s'assurer que le Régime de pensions du
Canada dispose de suffisamment de fonds pour verser les pensions aux
générations futures, quatre modifications ont
été apportées, qui sont entrées en vigueur en
1998 :
- augmenter les taux de cotisation des employeurs et des
employés;
- limiter modestement les coûts futurs de certains genres de
prestations;
- mettre en place une nouvelle stratégie de placement; et
- renforcer la structure de régie et de responsabilité du
Régime.
Parallèlement, le Parlement fédéral, avec
l'approbation des provinces, a promulgué la Loi sur l'Office
d'investissement du Régime de pensions du Canada. Il
était convenu de mieux utiliser l'excédent du Régime
de pensions du Canada, qui était prêté aux
gouvernements provinciaux, afin d'augmenter les rendements. Les provinces
ont accepté ce changement et on leur a offert l'option de
renouveler les prêts existants.
L'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada
fonctionne en toute indépendance par rapport au gouvernement. Il a
pour objet d'accélérer le passage du Régime de
pensions du Canada à un régime de retraite partiellement
capitalisé en plaçant une partie de son excédent dans
le marché des actions. Les Dix-septième et
Dix-huitième rapports actuariels sur le RPC confirment que le taux
de cotisation combiné employeur-employé de 9,9 p. 100 (qui
sera atteint en 2003) suffira à financer le Régime de
pensions du Canada, à mesure qu'un nombre croissant de Canadiens
atteint l'âge de la retraite.