Dans les années 90, nombre de
problèmes relatifs aux pensions gouvernementales auxquels le Canada
était confronté sont également devenus des domaines
importants de réforme stratégique dans le monde entier. Les
pays occidentaux, en particulier, ont commencé à
réviser leurs politiques relatives aux pensions gouvernementales
pour que leurs programmes soient financièrement viables.
Les régimes de pensions gouvernementales de la plupart des pays
d'Europe versent des prestations plus élevées, mais ils les
offrent à un plus faible nombre de cotisants, comparativement au
système de pensions gouvernementales du Canada. Les travailleurs
européens prennent leur retraite plus tôt, en moyenne, et
leurs prestations de pension, en particulier, celles des personnes
à revenu élevé, se rapprochent davantage de leurs
revenus pendant qu'ils étaient actifs. Dans bien des pays, les
pensions gouvernementales comptent pour une proportion bien plus
élevée du revenu des retraités. Parallèlement,
les retenues salariales nécessaires pour financer les programmes
européens sont souvent plus élevées que celles en
vigueur au Canada.
Dans les années 90, toutefois, on a considéré que
l'avenir des systèmes complets de pensions gouvernementales de
l'Europe était menacé par le vieillissement de la
population. Les projections faites dans les années 90 laissaient
supposer que, d'ici à 2025, près d'un tiers des
Européens serait des personnes âgées. En comparaison,
les estimations canadiennes indiquent que, d'ici à 2041, le
pourcentage des Canadiens âgés de 65 ans et plus atteindrait
un sommet de 25 p. 100.
Pendant que ces pays s'efforçaient d'assurer la survie de leurs
programmes nationaux de pensions gouvernementales, la mondialisation
croissante de nombreux secteurs commerciaux tout au long des années
90 a ajouté une dynamique nouvelle à la question des
pensions gouvernementales. Alors que les pays cherchaient à faire
concurrence sur la scène internationale, certains analystes
considéraient que les programmes de sécurité sociale,
comme les pensions freinaient inutilement la croissance économique
et la capacité de concurrence, par suite de l'imposition excessive.
Beaucoup de gouvernements nationaux ont donc commencé à
étudier de nouveaux moyens de maintenir les pensions
gouvernementales sans augmenter grandement leur coût.
Un certain nombre de pays ont mis en uvre des réformes des
pensions en réponse à ces pressions et quelques nouvelles
idées intéressantes ont été mises à
l'essai. Par exemple, en France, pays où seules les pensions
gouvernementales sont légalement autorisées, le nombre
d'années de cotisation des personnes à leur régime de
pensions a été rallongé au cours des années
90. Cette période cotisable plus longue a aidé à
soutenir le fonds de pension. Par contraste, aux États-Unis,
l'âge de l'admissibilité aux pensions du système de
sécurité sociale américain a été
progressivement relevé, de sorte que, en 2027, les prestations
commenceront à être versées à 67 ans au lieu de
65 ans.
Des changements plus fondamentaux dans d'autres pays ont
également attiré l'attention internationale au cours des
années 90. L'adoption, au Chili, d'un système d'assurance
vieillesse et invalidité privé obligatoire au début
des années 80 a été particulièrement
intéressante. Ce système coûte très peu au
gouvernement chilien, car il est administré par des
sociétés privées de gestion de fonds de pension et
les cotisations sont intégralement versées par les
travailleurs. Les critiques font valoir, toutefois, que la
dépendance exagérée du rendement des placements peut
introduire des risques dans un tel régime. En outre, les frais
d'administration se sont révélés très
élevés.
En réponse à ces pressions, le gouvernement du Canada a
participé à un certain nombre de projets internationaux
conçus pour améliorer les pensions gouvernementales du
Canada et favoriser l'amélioration de la sécurité
sociale sur la scène internationale.
La signature d'accords internationaux de sécurité sociale
entre le Canada et d'autres pays, qui a commencé en 1977, continue
d'être une activité importante entreprise par le gouvernement
fédéral.
En 1998, grâce à l'effet conjugué des accords
internationaux et des autres pensions touchées par les personnes
résidant à l'étranger, le Canada versait des
prestations annuelles d'environ 355 millions de dollars aux
bénéficiaires dans d'autres pays et recevait 1,6 milliard de
dollars en prestations de pension de pays étrangers.
En juin 2000, le Canada avait conclu 42 accords, dont 38 étaient
déjà en vigueur. Cinq autres pays intéressés
avaient entamé des négociations avec le Canada.
Le Canada a également continué de participer à de
nombreux événements et organisations internationaux afin
d'encourager le développement des pensions gouvernementales dans le
monde entier, notamment l'Association internationale de
sécurité sociale, la Conférence
interaméricaine de sécurité sociale, le Conseil de
l'Europe, l'Organisation internationale du travail, les Nations Unies et
Réhabilitation internationale.
De nombreuses conférences internationales auxquelles le Canada a
participé se sont penchées sur le problème de la
viabilité financière des pensions gouvernementales à
mesure que les populations du monde entier vieillissent rapidement au
début du 21e siècle. En décembre 1997,
l'Organisation internationale du travail et l'Association internationale
de sécurité sociale, avec la participation de la Banque
mondiale, ont organisé une conférence sur la réforme
des pensions. Cette conférence a été suivie en 1998
par une réunion de l'Association internationale de
sécurité sociale, à Stockholm, appelée,
« L'avenir de la sécurité sociale », à
laquelle la question de défrayer les coûts des programmes de
pensions gouvernementales malgré la baisse des recettes fiscales a
été examinée. L'année 1999 a été
désignée l'Année internationale des personnes
âgées par les Nations Unies, une mesure qui a souligné
encore plus l'importance du vieillissement de la population dans le monde
entier.
Plusieurs caractéristiques uniques du système de pensions
gouvernementales du Canada ont suscité un intérêt
international particulier à la fin des années 90. On
considérait que, le fait que le système canadien consiste en
plusieurs paliers financés à partir de sources
différentes (notamment la Sécurité de la vieillesse,
le Supplément de revenu garanti, le Régime de pensions du
Canada et le Régime de rentes du Québec, les régimes
de pensions d'employeur ouvrant droit à une aide fiscale et
l'épargne privée), l'ensemble du système était
protégé contre les fluctuations économiques. En
outre, l'incidence globale des pensions gouvernementales du Canada
était bien plus équitable que celles de la plupart des
autres pays industrialisés.