Le Programme de la sécurité
de la vieillesse introduit en 1952 prévoyait le versement de la
première pension universelle aux Canadiens de 70 ans et plus ainsi
qu'une allocation d'assistance-vieillesse fondée sur le revenu aux
personnes de 65 à 69 ans. La pension de la Sécurité
de la vieillesse n'était pas une mesure de remplacement du revenu;
elle était un filet de sécurité qui fournissait une
aide de base à toutes les personnes âgées qui
remplissaient les conditions de résidence.
Les régimes de pension ou l'épargne privée
étaient censés compléter ce montant, dans la mesure
du possible. Toutefois, pour la plupart des gens, la retraite signifiait
une chute considérable du niveau de vie. Même avec la
Sécurité de la vieillesse, le revenu moyen des personnes
âgées à cette époque-là ne
représentait qu'environ 50 p. 100 des salaires moyens dans
l'industrie. Certains travailleurs avaient des régimes de pension
d'employeur, mais ils étaient confrontés à plusieurs
problèmes : ces régimes étaient liés à
un emploi particulier, ils n'étaient pas transférables, et
ils nécessitaient généralement des périodes de
cotisation très longues. En outre, ils versaient de faibles
prestations de survivant.
En 1966, le gouvernement de Lester Pearson introduisit le Régime
de pensions du Canada. Il répondait au besoin d'un régime de
pensions gouvernementales offrant un transfert de régime, une plus
grande mesure de remplacement du revenu et une assurance pour les familles
contre le décès ou l'invalidité d'un membre de
soutien. Il s'agissait d'un régime contributif obligatoire pour les
salariés et les travailleurs indépendants de 18 à 70
ans. Un régime parallèle, le Régime de rentes du
Québec, eut force de loi la même année afin de
protéger les travailleurs québécois et leurs
familles.
L'existence des deux régimes découlait du souhait du
gouvernement du Québec de conserver la haute main sur le secteur de
l'aide sociale dans cette province et de contrôler les
réserves du fonds de pension afin de les investir dans le
développement de la province. Les autres provinces avaient le choix
d'établir leurs propres régimes parallèles, mais
aucune ne le fit. L'Ontario légiféra son propre
régime, mais ne le mit jamais en vigueur, choisissant plutôt
d'apporter tout son appui au Régime de pensions du Canada dans
l'intérêt national. Un Régime de pensions du Canada
sans l'Ontario ou le Québec aurait eu à surmonter de grands
défis quant à sa crédibilité et
peut-être même sa viabilité. Les provinces pouvaient
emprunter les capitaux destinés à leur développement
auprès du Régime de pensions du Canada.
L'article 94A de la Constitution, ajouté en 1951 pour
permettre au gouvernement fédéral de promulguer des lois
relatives aux pensions de vieillesse, fut modifié. Cette
modification permit au Régime de pensions du Canada de verser des
pensions aux veuves et veufs ainsi qu'aux personnes handicapées qui
n'étaient pas « âgés » et dont les
pensions ne sauraient donc être des pensions de vieillesse. La
distribution attribution de prépondérance, qui assurait que
le RPC n'affecterait aucun programme provincial de pensions de vieillesse,
fut également conservée, bien que son libellé ait
été légèrement modifié.
Au cours des cinq années qui suivirent, l'âge
d'admissibilité à la pension de la Sécurité de
la vieillesse et du Régime de pensions du Canada baissa à 65
ans. Les deux pensions étaient indexées afin d'offrir une
protection contre l'inflation. Par souci d'équité, un
Supplément de revenu garanti (SRG), lié à la
Sécurité de la vieillesse, fut introduit en 1967 pour aider
les personnes qui auraient pris leur retraite avant de pouvoir tirer
profit du nouveau régime contributif.
Les prestations de la Sécurité de la vieillesse
étaient encore disponibles aux bénéficiaires du
Régime de pensions du Canada et constituaient le premier palier du
nouveau système de revenu de retraite du gouvernement. Le
Régime de pensions du Canada, qui en était le
deuxième palier, était un régime entièrement
transférable offrant des prestations de veuve et veuf,
d'invalidité et de décès en plus des pensions de
retraite.
Le Régime de pensions du Canada n'était pas en
désaccord avec le troisième palier, qui se composait de
l'épargne privée et des régimes de pension
d'employeur. Il ne visait pas non plus à le remplacer. Au
contraire, le gouvernement encourageait les gens, grâce à des
incitatifs fiscaux, à épargner afin d'ajouter un revenu
à leurs prestations combinées de la Sécurité
de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada.