En raison de l'industrialisation et de
l'urbanisation continues, la période comprise entre le
déclenchement de la Première Guerre mondiale et l'adoption
de la Loi des pensions de vieillesse se caractérisa par
une augmentation du nombre de personnes âgées au Canada et un
déclin continu de la situation économique d'un nombre
croissant d'aînés.
La Première Guerre mondiale provoqua de nombreux changements
importants dans la société canadienne. Elle nécessita
un niveau sans précédent de production de munitions et
d'autres équipements de guerre et ce besoin contribua à
accélérer le processus d'industrialisation. À la fin
de la guerre, un grand nombre de manufactures créées en
temps de guerre restèrent ouvertes et commencèrent à
produire des appareils ménagers et de nouveaux articles de luxe,
comme les automobiles.
L'industrialisation révolutionna la méthode de production
des biens, ce qui eu pour conséquence, entre autres, de
réduire les possibilités de participation des personnes
âgées au nouveau processus de production. Les
équipements lourds effectuaient de plus en plus le travail, et les
tâches moins exigeantes physiquement qui étaient
traditionnellement confiées aux travailleurs âgés,
commencèrent à disparaître.
Après la Première Guerre mondiale, les problèmes
auxquels les personnes âgées étaient
confrontées devinrent plus visibles. L'augmentation marquée
du nombre de manufactures urbaines contribua à
l'accélération de l'exode rural. Au début des
années 20, le nombre des citadins commença à
dépasser celui des personnes vivant à la campagne, et ce,
pour la première fois. En raison de l'immigration et, en
particulier, de l'augmentation de l'espérance de vie, la population
du Canada augmenta également rapidement au cours de cette
période. La probabilité pour les personnes
âgées de tomber dans la misère noire dans leurs vieux
jours augmentait considérablement. En effet, les gens vivaient plus
longtemps, mais habitaient dans les villes où les emplois
susceptibles d'être occupés par les personnes
âgées disparaissaient.
F.H. Lacey, ed., Statistiques hitoriques du Canada,
2e édition (Ottawa, 1983), séries As-14
La situation se compliqua davantage compte tenu du fait que le
régime des rentes de l'État établi en 1908
n'atteignait pas les objectifs prévus qui étaient de fournir
un moyen selon lequel un nombre important de personnes épargnerait
suffisamment d'argent pour subvenir à leurs besoins dans leurs
vieux jours. Même si le régime offrait, pour inciter les
gens, des taux d'intérêts plus élevés, dans les
années 20, il devint évident que les personnes qui auraient
le plus besoin d'aide dans leurs vieux jours ne disposaient pas de
l'argent supplémentaire nécessaire pour acheter ces
investissements, quels que soient les avantages qu'ils offraient.
Vers le milieu des années 20, l'économie du Canada
s'était relevée d'une récession après-guerre.
Cette récession avait été causée par une chute
marquée de la production des machines de guerre combinée
à une dette nationale importante accumulée au cours des
années de guerre. Au fur et à mesure que la
prospérité s'étendait à de nombreuses
régions du pays, le contraste entre les personnes
âgées pauvres et les autres membres de la
société devenait plus frappant.
Tous ces facteurs portèrent les gens à constater que les
personnes âgées avaient besoin d'une aide bien plus
importante. Ceci mena à l'adoption de la Loi des pensions de
vieillesse en 1927.