Lorsque la Première Guerre mondiale
éclata en août 1914, le chef de l'opposition
fédérale au Parlement, Wilfrid Laurier, garantit
immédiatement sa collaboration et son aide au gouvernement du
premier ministre Robert Borden. Cette unité parlementaire permit au
gouvernement d'assumer un niveau de contrôle sans
précédent sur l'économie du pays afin d'alimenter
l'effort de guerre.
En 1917, toutefois, la question de la conscription divisa le Parlement
et mena à l'institution d'un gouvernement « unioniste »
composé des conservateurs et de quelques libéraux sous le
leadership de Robert Borden. Une telle division eut des
répercussions plus générales sur la population, alors
que les bouleversements sociaux causés par la Grande Guerre
alimentaient les demandes du public pour des réformes sociales de
grande envergure à travers le pays. Le gouvernement
fédéral apporta un certain nombre de réformes,
lesquelles renforcèrent davantage son pouvoir dans de nombreux
secteurs, notamment les pensions versées aux anciens combattants et
à leurs familles. Au niveau provincial, cette période vit
également l'apparition des allocations aux mères de famille
qui s'appliqua en premier lieu au Manitoba en 1919, et de l'indemnisation
des accidents du travail, qui vit le jour en Ontario en 1914.
Au fur et à mesure que le gouvernement fédéral
assumait un contrôle croissant sur l'économie au cours de la
guerre, un impôt sur le revenu national et un impôt sur les
profits d'affaires pour la guerre furent introduits, ce qui augmenta les
ressources financières du gouvernement. Au début, ces
impôts étaient censés constituer des mesures
temporaires, mais le maintien de l'impôt sur le revenu à la
fin de la guerre, en 1918, fournit au gouvernement fédéral
la majeure partie des fonds nécessaires pour mettre en œuvre
le régime de pensions de vieillesse en 1927.
La question d'un régime national de pension pour les personnes
âgées passa au premier plan après la guerre, alors que
les défenseurs des intérêts sociaux et les politiciens
désireux d'apporter des réformes alléguaient que le
gouvernement fédéral devait se servir de ses nouveaux
pouvoirs et de ses capacités financières pour étendre
les dispositions de pension offertes aux anciens combattants. En 1921, un
gouvernement fédéral minoritaire fut élu pour la
première fois dans l'histoire du Canada, ce qui rendait impossible
l'adoption de toute loi controversée. Les résultats aux
élections de 1925 furent similaires et, le premier ministre William
Lyon Mackenzie King chercha à obtenir le soutien du Parti
progressiste et des deux seuls députés du Parti travailliste
élus au Parlement.
Les députés du Parti travailliste James S. Woodsworth et
Abraham A. Heaps, en collaboration avec le chef du Parti progressiste
Robert Forke, présentèrent à Mackenzie King un
certain nombre d'initiatives stratégiques qu'ils
considéraient essentielles, dont la création d'un
régime de pensions de vieillesse. Le premier ministre accepta
d'aller de l'avant avec les réformes en contrepartie du soutien des
deux parties, s'assurant ainsi d'éviter la chute de son
gouvernement.
Toutefois, avant que Mackenzie King ait pu prendre des mesures
concernant la question des pensions de vieillesse, il décida de
démissionner suite au refus du gouverneur général,
Lord Byng, de déclencher des élections comme son
gouvernement faisait face à un vote de censure. Lord Byng demanda
alors au chef du Parti conservateur, Arthur Meighen, de former un
gouvernement, mais, celui-ci fut incapable de le faire avec succès
et l'« affaire King-Byng », comme on l'appelait, prit fin en
1926 avec l'élection d'un gouvernement libéral majoritaire
sous le leadership de Mackenzie King. Ce n'est qu'après l'obtention
d'une majorité que Mackenzie King put entreprendre des
réformes de grande envergure. En conséquence, la Loi des
pensions de vieillesse entra en vigueur en 1927.