L'adoption de la Loi des pensions de
vieillesse en 1927 fut possible grâce au soutien de deux
députés travaillistes du Parlement, élus en 1925, au
gouvernement minoritaire du premier ministre William Lyon Mackenzie King,
en échange de la promesse faite par ce dernier d'étudier la
question des pensions gouvernementales. Ces députés
étaient James S. Woodsworth et Abraham A. Heaps.
William Lyon Mackenzie King (1874-1950) devint le chef
du Parti libéral en 1919 à la mort de Sir Wilfrid Laurier.
À cette époque-là, le nom de Mackenzie King
était déjà associé aux questions de travail.
Il devint ministre du Travail en 1909; au cours de la Première
Guerre mondiale, il conseilla la Fondation américaine Rockefeller
sur des questions relatives au travail; et, en 1918, son livre,
intitulé Industry and Humanity, préconisait des
relations plus harmonieuses entre les travailleurs, les employeurs et le
gouvernement.
Le programme du Parti libéral de 1919, élaboré
sous la direction de son chef Mackenzie King, comprenait les pensions
gouvernementales. Toutefois, le premier ministre ne put donner suite
à la question, son gouvernement n'ayant pas obtenu une
majorité à la Chambre des communes aux élections de
1921. Lorsque cette situation se répéta en 1925, Mackenzie
King se tourna vers les députés du Parti progressiste et du
Parti travailliste au Parlement pour obtenir leur soutien.
Aux élections fédérales de 1925, deux
députés du Parti travailliste seulement furent élus.
James S. Woodsworth (1874-1942) et Abraham A.
Heaps (1885-1954), tous deux de Winnipeg, étaient des
défenseurs ardents de l'assurance-chômage et des pensions de
vieillesse. Woodsworth était également un ministre du culte
de l'Église méthodiste engagé envers les
réformes sociales et participait au mouvement du Social
Gospel. Au Parlement, il fut un défenseur direct de nombreux
programmes de sécurité sociale. L'appui soutenu qu'il
apporta aux travailleurs l'amena à participer à la
grève générale de Winnipeg, en 1919.
En janvier 1926, Woodsworth et Heaps envoyèrent à
Mackenzie King la lettre suivante, désormais célèbre
:
Monsieur,
En tant que députés du Parti travailliste à la
Chambre des communes, nous voudrions savoir si vous avez l'intention de
présenter des projets de loi au cours de la présente
législature sur a) les prestations pour les sans-emploi; b) les
pensions de vieillesse. Nous envoyons la même demande au chef de
l'opposition.
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de nos sentiments
les meilleurs.
J.S. Woodsworth
A.A Heaps
(McInnis, Grace. J. S. Woodsworth, A Man to Remember. Toronto; 1953,
page 183)
À l'époque, le chef de l'opposition, Arthur Meighen, ne
souhaitait appuyer aucune des propositions. Woodsworth et Heaps
acceptèrent donc l'offre de Mackenzie King de se pencher sur la
question des pensions de vieillesse et de lui accorder leur soutien.
Lorsque le gouvernement obtint finalement une majorité en 1926,
Mackenzie King accomplit sa promesse faite à Woodsworth et à
Heaps en présentant un projet de loi, qui devint la Loi des
pensions de vieillesse en 1927.