La Première Guerre mondiale causa
des bouleversements sociaux et politiques bien plus grands en Europe qu'en
Amérique du Nord. Pour la première fois en Occident, des
sociétés entières furent mobilisées en vue de
la guerre. Il fallut donc que les gouvernements s'occupent des
problèmes sociaux et économiques à un niveau sans
précédent, en introduisant des initiatives comme la
conscription, le rationnement des aliments et des approvisionnements et le
contrôle d'un grand nombre d'industries. Cette expansion des
pouvoirs des gouvernements, causée par la guerre, porta de
nombreuses personnes à croire que le changement social fondamental
était possible, et les gens furent amenés à
considérer qu'un tel changement était un résultat
souhaité des années de guerre dans pratiquement tous les
pays européens.
À la fin des hostilités, l'Europe se trouva aux prises
avec des problèmes démographiques, économiques et
politiques énormes. Les pertes en vies humaines tragiques et la
destruction matérielle subies au cours de la Grande Guerre eurent
des répercussions incommensurables sur les sociétés.
De plus, la chute des empires russe, austro-hongrois et ottoman plongea
une grande partie du continent dans la révolution, la guerre civile
ou le chaos politique.
Tableau dénommant les pays
possédant des programmes de pensions contributifs et/ou non
contributifs en 1935
Pays possédant des programmes de pensions contributifs |
Pays
possédant des programmes de pensions non contributifs |
- Allemagne
- Autriche
- Belgique
- Bulgarie
- Chili
- Espagne
- États-Unis
- France
- Grande-Bretagne
- Grèce
- Hongrie
- Italie
- Luxembourg
- Pays-Bas
- Pologne
- Portugal
- Roumanie
- Suède
- Tchécoslovaquie
- Union Soviétique
- Yougoslavie
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- Afrique du Sud
- Australie
- Canada
- États-Unis
- France
- Grande-Bretagne
- Groenland
- Islande
- État libre d'Irlande
- Nouvelle-Zélande
- Norvège
- Terre-Neuve
- Uruguay
|
À la fin du 19e et au début du 20e
siècle, plusieurs pays adoptèrent les programmes de pensions
gouvernementales. La question d’en faire des programmes cotisables
ou non cotisables devint un problème important. Les programmes
cotisables coûtent habituellement moins cher parce que les ouvriers
et les employés participent aux paiements, mais en contrepartie
l’application de ces programmes est plus longue car les gens doivent
payer plusieurs années avant de recevoir leurs prestations. Les
programmes non-cotisables peuvent être instaurés beaucoup
plus rapidement, les paiements commençant dès
l’adoption des lois les autorisant, mais en contrepartie c’est
le gouvernement qui assure le paiement des prestations. (A.S. Orloff,
The Politics of Pensions (London, 1993), page 14.)
La création de nouveaux états démocratiques,
socialistes ou communistes dans ces régions porta la question des
pensions gouvernementales à prendre une grande importance, tandis
que le rôle de l'État dans le domaine de la
sécurité sociale, entre autres, devint un sujet de
débat important. Cette période vit donc
l'établissement de divers genres de régimes de pensions
gouvernementales dans un grand nombre de pays. Au cours de l'année
1919, l'Italie, le Portugal, l'Espagne et l'Uruguay adoptèrent tous
des régimes de pension et, en 1925, la Grande-Bretagne promulga une
loi relative à un système de pension contributif de
même nature que celui mis en place par l'Allemagne en 1889.
Avec la fin de la guerre, un esprit de coopération
internationale et de progrès apparut. La Société des
nations, située à Genève, fut créée,
suite au Traité de paix de Versailles établissant les
conditions de la paix en 1919. La mission de cette société
n'était pas seulement d'entraîner des actions internationales
en vue de dissuader de faire la guerre, mais également de faire la
promotion de réformes sociales dans les pays membres.
Delégation de l'empire britannique à la troisième
Conférence internationale du Travail, Genève 1927.
Une des réformes proposées était l'adoption de
pensions gouvernementales. Cette réforme était incluse dans
une Convention de travail intégrée au Traité de
Versailles. L'Organisation internationale du travail, située
également à Genève, fut fondée pour promouvoir
de telles questions. Il s'en suivit, en 1927, la création d'un
autre organisme international engagé à faire avancer la
sécurité sociale dans le monde entier, soit l'Association
internationale de la sécurité sociale. Le Canada est encore
un membre actif de l'Organisation internationale du travail et de
l'Association internationale de la sécurité sociale.