La période allant de 1928 à
1951 se caractérisa par des changements économiques profonds
causés par la Grande Crise et la Seconde Guerre mondiale. Les
années de la Grande Crise montrèrent aux gens la
rapidité avec laquelle la pauvreté pouvait toucher
l'ensemble du pays. En conséquence, à la fin de la guerre,
en 1945, un nombre sans précédent de Canadiens devint en
faveur d'un gouvernement qui améliorerait le système d'aide
sociale du Canada en vue de faire de la sécurité sociale un
droit fondamental pour tous.
Peu après l'adoption de la Loi des pensions de
vieillesse en 1927, le Canada plongea dans la pire crise
économique de l'histoire contemporaine, la Grande Crise. Il en
résulta un chômage et une pauvreté extrême
à travers tout le pays. Pour économiser de l'argent, les
personnes attendaient plus longtemps pour se marier et avaient moins
d'enfants. Cela entraîna une diminution de la population de jeunes
et par conséquent une augmentation du pourcentage des personnes
âgées dans la société canadienne.
Parallèlement, ces personnes âgées vivaient plus
longtemps grâce aux progrès réalisés dans le
domaine de l'hygiène et des soins de santé. Grâce au
progrès de la médecine, l'espérance de vie des hommes
et des femmes s'est grandement amélioré après la
Grande Crise.
F.H. Lacey, ed., Statistiques historiques du Canada,
2e édition (Ottawa, 1983), séries B65-75
Comme le chômage grimpait et que les salaires baissaient, la
Grande Crise élimina également, chez de nombreuses
personnes, la capacité d'épargner en vue de leur retraite.
Après la reprise économique, un bon nombre de personnes
âgées qui avaient perdu leur emploi dans les années 30
se retrouvèrent sans argent et donc incapable de compléter
leurs prestations de pension de la vieillesse. De nombreux agriculteurs
même manquaient de sécurité. À cette
époque-là, en vue d'augmenter leur rentabilité, un
grand nombre d'exploitations agricoles furent converties pour la
production de cultures commerciales uniquement. Les familles agricoles
dépendirent alors du produit de la vente de leurs récoltes
et ne purent plus cultiver leur propre nourriture.
Tandis que dans les années 40, les personnes âgées
continuaient à éprouver des difficultés
financières, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale
aida l'économie canadienne à amorcer une reprise importante.
Le chômage grave des années de la Grande Crise fit place au
quasi-plein emploi et, dans bien des secteurs d'activité, il fut de
plus en plus difficile de trouver des travailleurs. Les augmentations du
revenu et des prix à cette époque-là
provoquèrent une montée de l'inflation. L'inflation nuisait
considérablement aux personnes âgées, qui
dépendaient des prestations fixes de la pension de vieillesse, des
régimes privés ou des rentes sur l'État, car elle
réduisait le montant réel de leurs pensions.
Le contraste entre la prospérité économique
générale des années de guerre et la situation
économique en déclin des personnes âgées finit
par troubler de nombreuses personnes. Alors que le gouvernement prenait le
contrôle de l'économie au cours de la guerre afin de
satisfaire les besoins de participation à la guerre (comme il
l'avait fait au cours de la Première Guerre mondiale), de nombreux
défenseurs des intérêts sociaux dans tout le pays
commencèrent à demander une aide gouvernementale accrue pour
les personnes âgées. Ce mouvement s'amplifia alors que les
Canadiens âgés continuaient à subir les effets de
l'inflation par suite des répercussions de la guerre.
La sympathie et le respect accrus du public pour les personnes qui ne
pouvaient plus travailler se constataient dans l'impopularité
croissante, exprimée dans les journaux et sur les autres
scènes publiques, de l'examen des ressources imposé aux
bénéficiaires de la pension de vieillesse. C'est ainsi que
l'assemblée législative de la Colombie-Britannique proposa,
en 1946, le terme « personne âgée » pour
souligner l'importance de considérer les aînés comme
des citoyens ayant les mêmes droits que les autres Canadiens (James
G. Snell, The Citizen's Wage; The State and the Elderly in Canada:
1900-1951. Toronto, 1996, pages 210 et 211). Ce soutien contribua
à la décision du gouvernement de réformer le
système de pensions en 1951 en introduisant la
Sécurité de la vieillesse et l'assistance-vieillesse afin de
remplacer la pension de vieillesse.