La Grande Crise mit à nu de
nombreuses faiblesses de la société industrielle moderne. Au
cours des années de guerre, le souvenir de la pauvreté et du
chômage de la Grande Crise créa chez beaucoup de gens le
désir de proposer de nouvelles politiques d'aide sociale qui
atténueraient les effets des catastrophes économiques graves
à l'avenir.
Tout au long de sa vie, Sir William Henry Beveridge
(1879-1963) se préoccuppa des questions de pauvreté. Dans sa
jeunesse, il uvra dans un projet de promotion immobilière
pour les pauvres. Après avoir travaillé quelque temps au
gouvernement, il devint par la suite directeur de laLondon School of
Economicsavant d'intégrer l'Université d'Oxford en 1937,
où il rédigea son rapport le plus célèbre,
intitulé Social Insurance and Allied Services, ou Rapport
Beveridge (1942). Dans ce rapport, Beveridge a énoncé trois
problèmes particuliers relatifs à des mesures de
sécurité sociale. Parmi ceux-ci, l'âge fut
désigné comme le plus grand des problèmes, et la
principale solution qu'il proposa consistait à créer un
régime de pension contributif. Le Rapport Beveridge fut très
bien accueilli dans le monde entier lors de sa publication, et il servit
de plan directeur pour la formulation de politiques sociales progressistes
à travers le monde :
[Traduction]
« … l'âge, en tant que cause de l'incapacité
de gagner de l'argent après l'enfance, a une importance bien plus
grande que toutes les autres causes de cette incapacité… Le
coût des pensions par rapport au reste de la sécurité
sociale augmentera inévitablement en raison de l'accroissement de
la proportion des personnes en âge de toucher une pension dans la
population. » (William Beveridge, Social Insurance and
Allied Services London, 1942, page 90)
Leonard Charles Marsh (1906-1982) commença sa
vie en Angleterre, où il fit ses études à laLondon
School of Economics, sous la direction de William Beveridge. En 1930,
Marsh émigra au Canada et devint directeur duMcGill Social
Science Research Project. En plus d'étudier sous la direction
de Beveridge, Marsh avait pendant la guerre des contacts importants avec
l'Organisation internationale du travail lorsque le siège social de
celle-ci déménagea temporairement de Genève à
Montréal. Comme Beveridge, Marsh proposa d'introduire un
régime de pension contributif au Canada.
[Traduction]
« Uniquement dans le cas de l'invalidité permanente, il
faut accepter le fait que le salarié est arrivé à la
fin de sa vie active. Les problèmes de sécurité au
cours de la vieillesse et de la retraite pour d'autres raisons sont donc
plus étroitement liés aux problèmes consistant
à verser des prestations d'invalidité permanente qu'ils le
sont avec les régimes de protection à court terme en cas de
chômage, de maladie, d'accident, etc. L'universalité de la
vieillesse signifie automatiquement que la nature du problème
touche toutes les personnes dans tous les pays. ». (Leonard
Marsh, Report on Social Security for Canada. Ottawa, 1943, page
68).