À la fin des années 70 et
au début des années 80, de nombreuses réformes
importantes furent apportées au système de pensions
gouvernementales du Canada. Monique Bégin, la ministre de la
Santé nationale et du Bien-être social entre 1977 et 1984,
supervisa bon nombre de ces réformes, notamment la signature du
premier accord international de sécurité sociale,
l'introduction des pensions partielles de la Sécurité de la
vieillesse et de nombreuses augmentations du Supplément de revenu
garanti afin de tenter d'accroître l'équité des
pensions gouvernementales du Canada.
Arthur Jacob « Jake » Epp (née en 1939)
député conservateur très en vue de la circonscription
de Provencher, au Manitoba, il a été élu pour la
première fois en 1972. M. Epp a été ministre de la
Santé nationale et du Bien-être social dans le gouvernement
de Brian Mulroney et a aidé à ajouter plusieurs nouvelles
dispositions importantes au Régime de pensions du Canada, notamment
une pension de retraite souple payable à compter de 60 ans, des
prestations d'invalidité plus élevées, la poursuite
du versement des prestations de survivant au remariage, le partage des
pensions de retraite entre époux ou conjoints de fait, et
l'élargissement du partage des crédits pour couvrir la
séparation d'époux ou de conjoints de fait.
« Il y a eu des changements majeurs. J'ai fait état des FERR,
des REER et de la LNPP. Nous avons apporté des modifications au
Régime de pensions du Canada, qui sont aussi radicales que
l'introduction du RPC, en 1966. Nous avons également apporté
des changements à l'allocation au conjoint. » (Débats
de la Chambre des communes. 1967-1988. Deuxième session,
Trente-troisième législature, Ottawa, 1987, page 5764.)
Monique Bégin (née en 1936),
représentante des circonscriptions de Saint-Michel et de
Saint-Léonard-Anjou, fut également la première femme
québécoise élue à la Chambre des communes
lorsqu'elle devint député libéral en 1972. Avant de
devenir la ministre de la Santé nationale et du Bien-être
social, Bégin était secrétaire exécutive de la
Commission royale d'enquête sur la situation de la femme en 1969 et
1970. Son intérêt pour les questions touchant les femmes
ressort dans les autres changements apportés au système de
pensions gouvernementales qu'elle a supervisés, notamment le
partage des crédits de pension du Régime de pensions du
Canada à la dissolution d'un mariage (mis en uvre en 1978),
et l'ajout au Régime de pensions du Canada en 1983 de la clause
d'exclusion pour élever des enfants.
L'intérêt pour la réforme et l'amélioration
des régimes de pensions gouvernementales du Canada accrût
à la fin des années 60 et au cours des années 70
alors que des membres de nombreuses organisations gouvernementales et du
secteur privé commençaient à étudier la
question du vieillissement d'une manière plus
générale.
En 1966, des experts d'un certain nombre de pays se réunirent
à la Conférence canadienne sur le vieillissement, à
Toronto. Parmi eux, il y avait le révérend
André-Marie Guillemette de l'Université de Montréal,
et Reuben C. Baetz, du Conseil canadien du bien-être social
(aujourd'hui appelé le Conseil canadien de développement
social), qui tous deux insistèrent sur la nécessité
pour les jeunes Canadiens d'être davantage au courant des
problèmes auxquels les personnes âgées sont
confrontées.
Révérend André-Marie Guillemette
(1907-1986), ancien directeur, Institut de gérontologie,
Université de Montréal :
[Traduction]
« Si, en adoptant une politique et une attitude qui
amoindrissent les personnes âgées, nous
déprécions d'avance les jeunes qui, un jour, vieilliront,
l'ensemble de notre société en souffrira... La vieillesse
devrait être, pour tous ceux qui sont touchés par elle, un
appel à la noblesse, une occasion de méditer et d'apporter
de l'aide. Loin d'être un hiver, elle devrait être une saison
paisible faite de lumière et de plénitude. »
(Révérend André-Marie Guillemette, « Mesures
futures pour les personnes qui vieillissent », dans le
Procès-verbal de la Conférence sur le vieillissement
(Toronto, 1966), page 62.)
Reuben C. Baetz (1923-1996), ancien directeur
exécutif du Conseil canadien du bien-être social :
[Traduction]
« Je n'ai d'autre choix que de croire que bien davantage peut et
doit être fait afin que les jeunes se rendent pleinement compte de
leur propre enjeu dans la vieillesse - et, par conséquent,
participent plus activement à la planification des mesures visant
les personnes âgées. Il se peut que ce qui soit
nécessaire dans notre société axée sur les
relations publiques... c'est une campagne de publicité de grande
envergure... » (Reuben C. Baetz, «The Significance of
the Conference for Canada», dans le Procès-verbal de la
Conférence sur le vieillissement (Toronto, 1966), page 80.)
En 1985, Solange Denis (née en 1922), une femme
d'Ottawa âgée de 63 ans, fit la manchette dans les
médias au cours d'une manifestation par les personnes
âgées contre le projet du gouvernement conservateur de
limiter la protection des pensions de la Sécurité de la
vieillesse contre l'augmentation du coût de la vie. Mme
Denis critiqua fermement le premier ministre Mulroney en soutenant que
« Vous nous aviez promis que vous ne changeriez rien...vous nous
avez menti. J'ai été incitée à voter pour vous
et, ensuite, c'est au revoir Charlie Brown », (« You 'lied' on
pensions, Mulroney told », Toronto Star (20 juin 1985).) dit
Mme Denis. Par la suite, le gouvernement abandonna la
proposition.