Avant l'introduction du Régime de
pensions du Canada et du Régime de rentes du Québec en 1966,
la proportion de fonds que le Canada consacrait aux régimes de
pensions gouvernementales et la taille de ces programmes étaient
bien plus faibles que dans la plupart des pays de l'Europe de l'Ouest.
Mais, lorsque ces régimes contributifs entrèrent en vigueur,
l'ampleur des pensions gouvernementales disponibles aux Canadiens
accrût à un niveau comparable à celui de nombreux
régimes de pensions européens.
Pour que ce système de pensions gouvernementales devienne
réellement la base du revenu des Canadiens à la retraite, la
question de pension transférable - pouvoir passer d'un emploi
à l'autre sans perdre ses prestations ou sa capacité de
cotiser au régime - était très importante. De
nombreux groupes demandèrent au gouvernement de tendre vers la
possibilité accrue du transfert des pensions, en particulier, les
mouvements syndicaux et un certain nombre de groupements de femmes, comme
ceux qui témoignèrent devant la Commission royale
d'enquête sur la situation de la femme au Canada, en 1970.
En réaction à ces questions et pressions, et parce que
les pensions gouvernementales du Canada étaient maintenant
comparables à celles de tant d'autres pays, le gouvernement
fédéral entama les négociations en vue de conclure le
premier d'une série d'accords internationaux de
sécurité sociale sur les pensions en 1977. C'était un
accord entre le Canada et l'Italie, qui entra en vigueur en 1979. Un des
objectifs de ces accords consistait à faciliter
l'admissibilité aux prestations en permettant aux personnes
d'ajouter les années pendant lesquelles elles avaient vécu
ou travaillé au Canada et dans d'autres pays afin de remplir les
conditions d'admissibilité aux pensions canadiennes ou de pays
étrangers.
Au printemps 1978, le Canada commença à négocier
des accords avec les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le
Portugal et la Belgique, et il fut abordé par de nombreux autres
pays intéressés. Tous les pays, sauf le Royaume-Uni,
finirent par signer des accords qui permirent à un plus grand
nombre de personnes âgées d'être admissibles aux
prestations. Même si un accord de protection limitée existe
avec le Royaume-Uni, les deux pays ne sont pas arrivés à
conclure un accord qui améliorerait les prestations versées
aux personnes qui y ont travaillé. Un des résultats d'un tel
accord aurait été le paiement des augmentations du
coût de la vie aux pensionnés au Canada, une condition que le
Royaume-Uni n'a pas voulu accepter. Le Canada indexe toutes les
prestations versées à l'étranger, qu'elles soient
versées ou non en vertu d'un accord.
L'évolution de l'approche du gouvernement fédéral
concernant la sécurité sociale, notamment les pensions
gouvernementales, qui commença au début des années
80, était semblable aux approches adoptées dans un certain
nombre d'autres pays, y compris les États-Unis et le Royaume
Uni.
Le ralentissement économique des années 70, qui s'aggrava
avec la récession du début des années 80, toucha la
plupart des pays occidentaux. De nombreux économistes et
politiciens commencèrent à alléguer que
l'économique keynésienne, avec l'accent mis sur la forte
participation du gouvernement à l'économie, n'était
plus contrôlable ou pertinent. C'est alors que la pensée
économique monétariste, qui préconisait des
réductions marquées des dépenses et des
règlements gouvernementaux, connut un essor sur la scène
internationale.
Le monétarisme, qui apparut aux États-Unis, est
attribuable à l'économiste américain Milton Friedman.
Les États-Unis furent l'un des premiers pays à adopter
officiellement les principes monétaristes en 1980, avec
l'élection du gouvernement républicain dirigé par le
président Ronald Reagan. Un changement semblable eut lieu au au
Royaume Uni après 1979 lorsque le gouvernement conservateur
dirigé par Margaret Thatcher remplaça le gouvernement
travailliste.
Il est intéressant de noter que la France fut une exception
importante à ce mouvement international vers la réduction
des dépenses gouvernementales. Les politiques économiques du
président François Mitterrand, à la suite de son
élection en 1981, entraînèrent une augmentation
considérable du coût du système de pensions
gouvernementales de la France en accroissant les prestations et en
abaissant l'âge officiel de la retraite à 55 ans dans de
nombreux secteurs d'activités. La France continue d'avoir un des
réseaux de sécurité sociale le plus complet au monde.
Toutefois, le problème consistant à maintenir la
viabilité d'un système si imposant a récemment remis
en question son avenir et le gouvernement français continue de
chercher des moyens de le maintenir.
À partir des années 80, les travailleurs prenant une
retraite précoce ont créé une pression sur les
systèmes de pensions publiques européens. (G. Schellenberg,
La retraite : les changements démographiques et
économiques des dernières années , Centre de
statistiques internationales (Ottawa, 1994), p. 17).