Le recul économique catastrophique
du pays au cours de la Grande Crise des années 30 et le
chômage sans précédent qui l'accompagna
marquèrent de façon durable la société
canadienne en révélant que la pauvreté pouvait
toucher n'importe qui à certaines conditions.
Les Canadiens âgés et sans ressources, disposés
à endurer l'indignité d'un examen importun des ressources,
disposaient dorénavant d'une certaine protection contre les
difficultés prévalantes ce, grâce aux prestations
régulières de pension de vieillesse introduites en 1927. Le
ministère des Finances, qui supervisait le régime de
pensions de 1935 à 1945, encouragea les fonctionnaires provinciaux
et municipaux à restreindre l'admissibilité afin de
contrôler les coûts, mais le nombre de
bénéficiaires de la pension de vieillesse était
à la hausse à la fin des années 30.
L'entrée du Canada dans la Seconde Guerre mondiale fournit
à nouveau de l'emploi aux citoyens et raviva l'économie.
Comme à l'époque de la Première Guerre mondiale,
celle-ci permit aux gens de réfléchir sur ce qu'ils
attendaient de leur gouvernement une fois la paix revenue. Les Canadiens
ne voulaient pas revivre l'incertitude économique et la
vulnérabilité personnelle aux cycles économiques qui
avaient eu des conséquences si tragiques au cours de la Grande
Crise.
Un grand nombre de personnes pensaient que la période
postérieure à la guerre devait mener à une
société plus équitable, une intervention
gouvernementale active dans l'économie ainsi qu'un système
de sécurité sociale élargi qui offrirait à
chacun une certaine protection contre la pauvreté et les risques
que pose une économie industrielle moderne aux moyens de
subsistance. Même si le gouvernement fédéral
avançait plus prudemment que certains l'auraient aimé, des
progrès furent effectués dans ce domaine.
Un début de changement s'effectua au cours de la guerre avec
l'introduction de l'assurance-chômage en 1940 et des allocations
familiales en 1945. À la fin des années 40, on
préconisait une réforme des dispositions de
sécurité sociale du Canada pour les personnes
âgées. On désirait par-dessus tout, la fin de la
pratique dégradante de l'examen des ressources et son remplacement
par une pension universelle. On proposa un abaissement de l'âge
d'admissibilité aux prestations.
Le Congrès du travail du Canada et la Fédération
du Commonwealth coopératif cherchaient activement à apporter
des améliorations aux pensions. Les fonctionnaires
fédéraux, ainsi que tous les partis politiques,
étaient également en faveur d'une réforme du
système. En 1951, la Constitution fut modifiée pour
permettre au gouvernement d'adopter la Loi sur la
sécurité de la vieillesse, qui établissait une
pension à taux fixe financée par le gouvernement
fédéral à l'intention des hommes et des femmes de 70
ans et plus. À cette Loi, fut ajoutée la Loi pourvoyant
à l'assistance-vieillesse, qui prévoyait le versement
aux personnes âgées de 65 à 69 ans d'une allocation
à frais partagés fondée sur le revenu.