Le débat politique au Canada sur
les pensions de vieillesse fut interrompu en raison de la participation du
pays à la Grande Guerre (1914-1918). À la fin de la guerre,
le Canada était une nation transformée. Sous l'impulsion de
la demande de la guerre, la production industrielle augmenta et avec elle
la main-d'uvre urbaine. Parallèlement, les personnes vivaient
plus longtemps et le pourcentage de personnes âgées dans la
population augmentait. Toutefois, la mécanisation de l'industrie
menaçait de faire des personnes âgées des
surnuméraires.
Le nouveau milieu de travail favorisait les jeunes, et les tâches
que les travailleurs accomplissaient traditionnellement dans leurs vieux
jours commençaient à disparaître. Il leur était
difficile de trouver de nouveaux emplois. Les travailleurs qui devaient
subvenir aux besoins de leurs parents éprouvaient des
difficultés à épargner pour leurs vieux jours. Les
pensions privées versées par les entreprises ne visaient
toujours qu'une minorité, et elles n'étaient pas
transférables; si un travailleur était
congédié ou s'il quittait son emploi avant l'âge de la
retraite, il perdait ses prestations.
En 1918, une Loi sur les pensions fut adoptée afin de
verser des avantages d'indemnisation aux veuves des 60 661 soldats morts
à la guerre. Elle prévoyait également le versement de
pensions aux soldats rendus invalides par la guerre; en 1920, un peu plus
de 69 000 d'entre eux recevaient des pensions. Les parents à charge
qui subissaient un examen de revenu pouvaient également recevoir
des prestations de veuve ou veuf.
Le régime des rentes de l'État de 1908 n'avait pas
atteint son objectif prévu, et l'aide de l'État aux
personnes âgées pauvres revint sur la scène politique
dans les années 20. Alors que personne ne reprochait le versement
des pensions aux soldats pour les sacrifices qu'ils avaient fait au cours
de la Première Guerre mondiale, bon nombre pensaient que les
travailleurs canadiens âgés avaient également droit
à une aide en compensation des années de service dans
l'économie nationale.
En 1917, le gouvernement fédéral introduisit
l'impôt sur le revenu temporaire afin d'aider à financer la
participation du pays à la guerre. Cet impôt ne fut pas
supprimé à la fin de la guerre, ce qui fournit ainsi au
gouvernement une nouvelle source de recettes pour l'élaboration des
programmes sociaux nationaux.
En 1924, un Comité spécial nommé par le Parlement
afin d'étudier la question des pensions aux personnes
âgées estima que 40 p. 100 des Canadiens de 70 ans et plus
seraient admissibles à une pension de vieillesse. Cette estimation
était fondée sur un examen de leurs moyens d'existence. En
1927, la Loi des pensions de vieillesse fut adoptée,
honorant ainsi une promesse politique nécessaire, faite par le
premier ministre King. Cette loi établissait un régime
à frais partagés afin de remplacer l'aide d'urgence locale
par un système national de prestations à l'intention des
personnes âgées les plus démunies.
En vertu de la nouvelle Loi des pensions de vieillesse, on
établit la pension maximale à 20 $ par mois pour les sujets
britanniques de 70 ans et plus qui résidaient au Canada depuis 20
ans.